Pascal Cauchy, secrétaire général de l'école doctorale de l’Institut d'études politiques (IEP) et chargé d'enseignement à l'IEP de Paris, a notamment salué l'intention de la Chine de découvrir le vin de qualité et d'en faire la promotion.
"La Chine découvre le vin. Elle développe elle-même un vignoble, en particulier dans le Shandong. Il est important que cela contribue à mieux faire connaitre le vin français à un moment ou des vins au goût standardisé se répandent partout dans le monde (…). Le vin français est le meilleur du monde par sa qualité et sa variété, tous ne peuvent l'apprécier, tant mieux si la Chine peut en faire promotion et rentrer ainsi dans un club très fermé", a indiqué M.Cauchy.
D'autre part, "le problème, ici, est l'origine douteuse des fonds et donc à terme, la qualité et la pérennité — la survie — des entreprises, parfois familiales et la réputation du vignoble le plus célèbre au monde", a ajouté l'expert.
Selon lui, l'afflux massif des Chinois, qui ont racheté de nombreux châteaux et contrôlent plusieurs entreprises viticoles en France, pose aussi la question du patriotisme industriel et agricole.
"On doit se poser la question de la disparition d'une propriété patrimoniale et de l'incapacité pour des entreprises, des personnes privées à conserver un bien qui contribue aussi au bien commun (…). L'Etat républicain en France a quitté depuis longtemps le souci national de la durée au profit d'un capitalisme financier qui se satisfait de la destruction de toutes les barrières, le Code civil (le fameux Code Napoléon) est un produit du libéralisme économique", a-t-il noté.
Pour Bernard Artigue, président de la Chambre d'industrie de Gironde, l'arrivée des investisseurs chinois en France et notamment dans la région Bordeaux n'est pas un problème, mais plutôt une belle occasion de promouvoir le secteur viticole.
"Aujourd'hui ce sont les Chinois qui arrivent. Ce n'est ni moins ni plus que ce que s'est toujours fait dans notre vignoble et dans notre région (…). Nous, on perçoit que ce sont des personnes qui arrivent, qui apportent du sang neuf, qui apportent également des moyens nouveaux pour faire en sorte que Bordeaux reste toujours au sommet de la viticulture mondiale. Il est intéressant d'avoir des personnes qui viennent d'ailleurs, qui viennent quelque part enrichir notre région", a indiqué M.Artigue à Sputnik.
"Lorsqu'un Chinois investit plusieurs millions d'euros dans un château bordelais, on peut penser qu'il ne vient pas là simplement pour son plaisir, mais parce qu'il a envie de véritablement faire une activité économique et qui rapportera d'une part au Chinois et rapportera également à l'ensemble de la viticulture bordelaise", estime-t-il.
En plus, les vignobles acquis par les Chinois ne sont pas si nombreux qu'on ne le pense, d'après lui. "Sur les milliers et milliers de propriétaires cela concerne une centaine de propriétés, à peu près une cinquantaine de propriétaires (…). La Gironde compte à peu près 7.000 exploitations viticoles, il faut tout relativiser. Et pour nous c'est plutôt positif", a conclu le responsable.