Début septembre, le premier ministre finlandais Juha Sipilä a annoncé son intention d'héberger des réfugiés dans sa maison de Kempele qu'il occupait rarement du fait de ses fonctions à Helsinki et a appelé ses compatriotes à imiter son exemple, ce qui a provoqué une réaction mitigée dans le pays.
"Ma maison sert peu actuellement (…), et j'espère que cela deviendra une sorte de mouvement populaire qui donnera envie à beaucoup de prendre leur part de responsabilité dans cette crise du logement des réfugiés. Je veux apporter ma pierre à l'édifice pour montrer que la Finlande est un pays multiculturel", a déclaré M.Sipilä qui a déjà lancé de multiples appels aux Finlandais pour se montrer solidaires envers ceux qui arrivent dans le pays.
Or, plusieurs habitants de Kempele n'apprécient pas trop cette initiative du chef du gouvernement, la région étant déjà particulièrement touchée par la pénurie de logements à cause de l'afflux de migrants depuis la Suède voisine. Par ailleurs, les capacités d'accueil de la Finlande pour demandeurs d'asile sont actuellement saturées, le pays recevant un flux inhabituel de réfugiés qu'il n'avait pas anticipé.
"Il aurait pu d'abord demander l'avis des gens qui y habitent, au lieu de nous mettre devant un fait accompli. Cette idée suscite toute sorte de craintes. Nous venons de construire une maison, en espérant vivre dans une région calme", a déclaré au journal Helsingin Sanomat un voisin du premier ministre qui a préféré rester anonyme.
Par ailleurs, l'initiative de M.Sipilä n'a pas été appréciée par l'ensemble de la classe politique finlandaise.
"Il y a en Finlande des milliers de SDF et de personnes ayant besoin d'un soutien. Et que fait M.Sipilä? Il héberge dans sa maison des migrants souhaitant se retrouver dans notre pays. Cette nouvelle s'est vite répandue", a indiqué sur sa page Facebook Olli Immonen, député des Vrais Finlandais, parti eurosceptique et anti-immigration.
Et d'ajouter que le premier ministre voulait ainsi se faire remarquer et gagner des points, en déclarant toutefois qu'il ne pourrait mettre sa maison à la disposition de réfugiés que vers le début de l'année prochaine.
"Mais quelle image de la Finlande crée-t-il à l'étranger? (…) Une démarche irresponsable de la part du premier ministre (…) qui attire dans le pays des migrants à la recherche d'une vie meilleure, tout en aidant les passeurs (…) et aggravant les risques de nouvelles victimes en Méditerranée", a martelé l'homme politique.
Les observateurs signalent que l'afflux de migrants en Finlande s'est accru ces derniers temps, et que la déclaration du premier ministre y a sans doute contribué. Ainsi, bien des demandeurs d'asile venant d'Irak ont annoncé avoir choisi la Finlande suite à l'invitation du premier ministre de ce pays.