Tokyo s'apprête à ouvrir une usine de traitement du combustible nucléaire usé capable de produire jusqu'à mille bombes par an. Pourquoi le Japon, signataire du traité de non-prolifération (TNP), a-t-il besoin de telles réserves de plutonium? Cet excès de matières fissiles renforce la tension dans la région et incite la Turquie et l'Égypte à exiger également le droit de produire du combustible pour leurs réacteurs.
Ce plutonium devait servir à la production d'électricité mais après l'accident à la centrale nucléaire de Fukushima en 2011, tous les réacteurs du pays ont été arrêtés sauf un. Le Japon possède donc plusieurs tonnes de matière radioactive inexploitée, écrit le Japan Times.
Le Japon a accumulé aujourd'hui 11 tonnes de plutonium, et encore 36 tonnes sont traitées au Royaume-Uni et en France avant d'être renvoyées au Japon. Mais que va-t-il en faire? Le programme nucléaire pacifique s'appuyait sur le fait que le Japon s'apprêtait à procéder au traitement pour satisfaire ses besoins en combustible nucléaire. Mais le pays a rencontré des difficultés techniques sur la voie de la réalisation de cette initiative. De plus, l'uranium est accessible sur les marchés internationaux. Du point de vue financier, le projet s'est avéré douteux.
La Chine et la Corée du Sud se demandent pour quelle raison le Japon a besoin d'autant de plutonium. Le ministère chinois des Affaires étrangères a appelé Tokyo à entreprendre des mesures concrètes pour réduire la production des "matériaux nucléaires sensibles".
"Le Japon est un pays respectable du point de vue du respect du TNP. Mais il donne le mauvais exemple. Si à terme un autre pays commençait à accumuler du plutonium ou de l'uranium enrichi, il pourrait se référer au précédent japonais", explique James Acton de la fondation Carnegie pour la paix internationale.