L'ouverture à Bagdad d'un centre de coordination de ces quatre pays cet automne leur permettra d'échanger des renseignements sur le déroulement des futures opérations conjointes contre l'EI et sera le premier exploit réel de la Russie dans la mise en œuvre d'un front international contre les islamistes.
La création de cette coalition devient possible après que la Russie a réussi à faire passer l'Irak de son côté, alors que le pays est considéré comme un "projet américain" au Moyen-Orient depuis le renversement de Saddam Hussein. Le chef du Pentagone Ashton Carter a ordonné mardi d'ouvrir une "ligne directe de communication" avec la Russie dans le but d'éviter des conflits dans la région.
Comme l'a confirmé mardi à RIA Novosti une source militaro-diplomatique russe, le centre d'information de Bagdad commencera son travail en octobre-novembre. D'après cette même source, il sera commandé selon un système de rotation par des officiers russes, irakiens, syriens et iraniens. Le centre sera placé sous le commandement des militaires irakiens pour les trois premiers mois de son travail.
Le porte-parole du président russe Dmitri Peskov a annoncé que les militaires américains avaient également été invités à participer aux premières réunions du centre d'information de Bagdad, mais qu'ils avaient décliné l'invitation.
Le chef adjoint du Pentagone Robert Work a reconnu mardi au Congrès que la décision de la Russie, de l'Iran, de la Syrie et de l'Irak d'échanger des renseignements afin de combattre l'EI était inattendue pour les États-Unis. "Nous avons été pris au dépourvu par cette annonce", a-t-il déclaré, et d'ajouter que les USA n'échangeraient pas leurs renseignements avec ce centre. Alors que le président américain Barack Obama a prudemment admis à la tribune de l'Assemblée générale de l'Onu une éventuelle coopération de Washington avec Moscou et Téhéran dans la lutte contre l'EI. Le chef du Pentagone Ashton Carter a ordonné, de son côté, l'ouverture d'une ligne directe de communication avec la Russie pour éviter les conflits dans la région. "Les contacts avec la partie russe seront maintenus pour empêcher des erreurs et des mauvaises appréciations de la situation en Syrie, ainsi que pour assurer la sécurité des forces de la coalition antiterroriste", a précisé le Pentagone.
Dans le même temps, la disposition de Bagdad à rejoindre Moscou, Téhéran et Damas confirme qu'après plusieurs échecs dans la région la Russie commence à reprendre l'initiative. De plus en plus déçu de la coopération avec Washington, l'Iran est également prêt à revoir ses propriétés en politique étrangère.
Les livraisons d'armes iraniennes à destination de Damas transitent déjà via le territoire irakien. De plus, en dépit de l'irritation des USA, l'Irak a ouvert son espace aérien aux avions russes qui fournissent des armes en Syrie. Dans le cadre de la coopération militaro-technique active entre la Russie et l'Irak, Moscou a fourni l'an dernier à Bagdad neuf avions d'attaque Su-25 pour combattre l'EI, après le report de la livraison des chasseurs F-16 promis à Bagdad par les États-Unis. En 2014 l'Irak est devenu pour la première fois le deuxième plus grand acheteur d'armements russes. La Russie honore en particulier des contrats pour la livraison de systèmes antiaériens Pantsir-S1 et d'hélicoptères Mi-28NE, Mi-35M et Mi-17V5.