On peut citer notamment les trois démarches américaines qui ont permis à l'Egypte de se rendre maître des deux porte-hélicoptères Mistral, destinés initialement à passer aux mains de la Russie, lit-on dans un article de Stratfor, une société privée américaine qui œuvre dans le domaine du renseignement.
L'expansion à l'est
Premièrement, il s'agit de la détermination des USA à s'étendre en Europe de l'est, y compris vers les anciens Etats soviétiques, une tendance qui est devenue encore plus saisissante sur fond de l'expansion de l'OTAN vers les pays baltes, compte tenu du fait que toute action de l'OTAN est contrôlée par Washington.
Le point culminant d'une telle expansion à l'est a été représenté par les événements en Ukraine, suivi par la pression conjointe des USA et de l'Europe sur la France pour résilier le contrat Mistral avec la Russie.
La réduction des livraisons de matériel militaire au Caire
La deuxième démarche américaine a été précédée par la réaction militaire de l'Egypte envers le Printemps arabe. La tentative du Caire d'établir la démocratie à l'aide du Président Mohammed Morsi s'est avérée déstabilisatrice, et les forces militaires ont repris le pouvoir de manière autoritaire.
Les Etats-Unis, pour leur part, ont été obligés de réduire leur parrainage militaire de l'Egypte, une décision non nécessairement préjudiciable pour les relations américano-égyptiennes, mais faisant reconsidérer à l'Egypte son attitude envers les Etats-Unis en tant qu'unique fournisseur de matériel militaire.
Dès lors, le Caire a logiquement commencé à explorer de nouvelles possibilités s'agissant de la livraison d'équipement militaire.
La conclusion de l'accord nucléaire iranien
Le manque de ressources nécessaires a cependant ralenti le Caire dans cette voie, mais l'ingérence des USA a définitivement mis fin à cette initiative. L'accord nucléaire iranien a reconfiguré l'équilibre politique dans le Moyen Orient, et l'Arabie saoudite a remis en cause la sécurité assurée par son alliance avec les Etats-Unis face à cette puissance nucléaire d'avenir. Par conséquent, Riyad est devenu beaucoup plus déterminé à contrer l'influence iranienne dans la région. Il a proposé notamment d'instaurer une soi-disant Force arabe qui permettrait au Conseil de coopération du Golfe de combiner les ressources et les efforts des États-membres arabes, une route qui sera encore longue et sinueuse.
L'Egypte, pour sa part, représente la colonne vertébrale de cette Force arabe grâce à ses capacités militaires et surtout par sa main d'œuvre.
Ainsi, les actions des Etats-Unis ont finalement abouti à ce que l'on observe actuellement. L'Egypte se montre déterminée à acheter du matériel militaire à quelqu'un d'autre que les USA, sans pour autant être en mesure de le payer. L'Arabie saoudite semble vouloir reconfigurer l'équilibre au Moyen Orient, toujours sous parrainage américain. Ironiquement, les deux navires français qui seront prochainement intégrés à l'équipement militaire égyptien, augmenteront incontestablement sa puissance militaire, ce qui entraînera des conséquences dans la région, comme au Yémen ou en Libye, et ces conséquences pourraient aller à contre-courant des intérêts des USA.
La situation actuelle gravite donc autour de la puissance pénétrante des Etats-Unis dont les conséquences pourraient être incontrôlables et imprévisibles. Bien que leur avenir et les dimensions de leur pouvoir fassent l'objet de débats, les USA restent l'acteur principal et le plus puissant sur la scène internationale, le reste du monde se contentant de réagir en fonction de ses actions géopolitiques.