La principale question du sommet européen qui s'ouvrira à Bruxelles mercredi et sera consacré au problème migratoire pourrait bien être les relations avec la Turquie. En coulisses, l'Allemagne, la France et l'Italie tentent déjà de convaincre le gouvernement turc d'améliorer les conditions de vie des 2,2 millions de Syriens qui vivent actuellement dans des camps de réfugiés sur le territoire turc.
L'UE n'arrive manifestement pas à gérer cette crise qui prend rapidement de l'ampleur. Les ministres de l'Intérieur de l'UE pensent encore s'entendre sur la répartition de 120 000 migrants à travers les pays européens mais ces chiffres sont obsolètes depuis longtemps. Il est évident que même un accord sur les quotas — qui n'est pas encore signé — n'aurait aucun impact significatif sur l'état de choses.
Après son entretien avec le premier ministre italien Matteo Renzi, le président français François Hollande a déclaré que l'Europe devait "travailler avec la Turquie" pour que les réfugiés y restent, y cherchent du travail et attendent que la situation s'améliore en Syrie afin de revenir chez eux.
La plupart des Syriens arrivent en Europe via la Turquie, où ils vivent dans des conditions très difficiles. La soudaine détérioration de la situation, qui n'était déjà pas facile ces derniers temps en Turquie, en Jordanie et au Liban où se trouvent la majeure partie des Syriens qui ont quitté leur pays, les a poussés à partir en Europe, souvent au péril de leur vie.
En échange de ces meilleures conditions pour les réfugiés syriens, l'Europe propose d'accroître significativement l'aide financière à la Turquie. Les hauts fonctionnaires de la Commission européenne disent qu'elle pourrait passer à 1 milliard d'euros.
Selon la revue Politico, ces cinq dernières années la Turquie a dépensé près de 8 milliards de dollars pour l'aide aux réfugiés. Cependant, leur affluence est si forte que les moyens manquent cruellement aussi bien pour les autorités turques que les organisations internationales qui travaillent dans la région. Par exemple, le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'Onu a réduit de moitié son financement pour 1,3 million de réfugiés dans la région en raison de difficultés financières.