"Ils l'ont trahi et ils l'ont pendu"
"Une puissance étrangère vient chez nous, occupe un pays arabe, pend son président et nous tous, simplement, le regardons de l'extérieur. Pourquoi n'a-t-on pas fait d'enquête sur l'exécution de Saddam Hussein? Comment peut-on pendre un prisonnier de guerre, un président d'un pays arabe qui fait partie de cette même Ligue des États arabes?", a-t-il fustigé.
Libya's Gaddafi gives a speech about American wars as Syria's Assad laughshttp://nigeriacamera.net/
Posted by Nigeriacamera on 9 сентября 2015 г.
Le dirigeant libyen a reconnu les désaccords politiques existant entre lui, les autres dirigeants arabes et M. Hussein, mais s'est prononcé contre l'amitié entre les Etats arabes et les Etats-Unis pour le bénéfice de l'unité entre les pays arabes.
"Pourquoi reste-on à l'écart? Chacun de vous peut être le suivant", a prévenu M. Kadhafi. Il a rappelé que les Etats-Unis avaient lutté contre l'ancien guide de la Révolution de l'Iran Rouhollah Khomeini avec Saddam Hussein, qu'ils qualifiaient alors d'ami. M. Hussein était lié d'amitié avec l'ancien vice-président des États-Unis Dick Cheney et l'ancien secrétaire de la Défense Donald Rumsfeld. "Finalement, ils l'ont trahi et ils l'ont pendu. Vous êtes amis de l'Amérique. D'accord, pas "vous" mais "nous" — mais un jour l'Amérique peut nous pendre, nous aussi".
"Pourquoi notamment Irak?"
Dans son discours M. Kadhafi s'adresse également aux Etats-Unis pour les interpeller sur le pourquoi de l'intervention précisément en Irak. "Où est la raison de l'occupation de l'Irak? Ben Laden est citoyen d'Irak? Non. Ceux qui ont fait l'attentat à New-York étaient-ils irakiens? Non. Ceux qui ont attaqué le Pentagone étaient-ils irakiens? Non. Est-ce que l'Irak possédait des armes de destruction massive? Non. Même s'il y en avait…L'Inde, le Pakistan, la Chine, la Russie, le Royaume-Uni, la France et les Etats-Unis ont des bombes nucléaires. Faut-il détruire tous ces Etats?", s'est-t-il exclamé.
"Nous sommes ennemis vous et nous. Nous nous haïssons, nous nous trompons, nous nous réjouissons du malheur d'autrui. Nos services de sécurité complotent les uns contre les autres au lieu de nous protéger contre nos vrais ennemis. Si nous avions lutté contre nos vrais ennemis comme nous luttons les uns contre les autres!".
Un discours prémonitoire
Ces propos étaient prémonitoires pour Mouammar Kadhafi lui-même, car il trouva la mort 3 ans après ce discours. En octobre 2011, le régime du dirigeant libyen a été renversé par les insurgés à l'aide des bombardements de l'OTAN. La Libye a entamé une difficile période de transition politique. Depuis lors, le pays n'a pas de gouvernement stable, et la guerre civile continue entre différents groupes islamistes et le gouvernement.
Sur la vidéo, on voit également le président syrien Bachar el-Assad qui, en 2008, écoute M. Kadhafi en souriant. Mais depuis 2011, le conflit armé ravage la Syrie, ayant fait, selon les estimations des Nations unies, plus de 220.000 morts. Les forces gouvernementales combattent les brigades armées de l'opposition anti-Assad et les terroristes de l'Etat islamique et du Front al-Nosra. En Irak, la guerre civile et les affrontements militaires avec l'Etat islamique continuent toujours.