Le trafic de migrants en Europe risque de devenir la principale source des revenus des terroristes de l'Etat islamique (EI), surpassant la vente de pétrole ou de drogues, a fait savoir Christian Nellemann, chef de section de l'UNEP (Programme des Nations unies pour l'environnement) et directeur du Centre norvégien d'analyse globale.
"L'Etat islamique a besoin d'importantes sommes d'argent afin de pouvoir mener ses activités, car ils essayent de créer un Etat — il s'agit d'au moins de 500.000 millions de dollars de revenu annuel", a expliqué M.Nellemann dans une interview accordée à Sputnik.
Selon lui, les combattants de l'EI tirent des bénéfices non seulement via l'imposition de taxes, mais également en utilisant différents schémas, dont l'intimidation de la population afin de soutirer de l'argent. Le directeur du Centre norvégien d'analyse globale est même allé jusqu'à supposer qu'au cours de l'année 2015, le trafic de migrants rapportera au total 2 milliards de dollars, parmi lesquels la part de l'EI ira croissant.
"Nous pouvons dire assez facilement que ce chiffre augmente de façon fulgurante, car nous savons que les trafiquants ponctionnent de l'argent non pas pour tout le trajet, mais pour une petite partie. L'Etat islamique a été donc particulièrement efficace pour établir des points de contrôle en Libye et aussi dans le Sinaï, ou bien encore près de la frontière entre le Liban et la Jordanie", a-t-il fait remarquer.
Selon l'expert, le succès de l'EI est dû à la très bonne organisation de son activité.
"Nous n'avons jamais eu affaire à un groupe terroriste ayant un système budgétaire aussi développé", a-t-il souligné.
Dans le même temps, l'EI a également tiré bénéfice du chaos que les flux de migrants ont créé en Europe.
"L'EI utilise à dessein certaines stratégies, dont les attaques contre des camps de réfugiés ou des massacres des civils, pour alimenter les flux migratoires", a expliqué l'expert, ajoutant que le contrôle sur les frontières de certaines régions leur a permis de guider des migrants dans une direction précise.
"C'est ce trait qui distingue l'EI. Ils sont extrêmement efficaces dans l'organisation et la gestion des revenus acquis (…). Attaquer leur système fiscal serait probablement le moyen le plus efficace d'arrêter leur expansion", estime Christian Nellemann.
Il devient donc clair que la politique européenne consistant à relocaliser des milliers de migrants entre les pays membres de l'UE ne contribuera pas à tarir les revenus de l'EI.
"Nous avons besoin d'un vaste éventail de messages, y compris une intervention directe dans le conflit en Syrie et en Irak", a souligné Christian Nellemann. L'expert a également indiqué que des bombardements n'étant pas suffisants: les pays occidentaux devront priver le groupe de ses revenus tout en rendant les stratégies de recrutement et ses initiatives de propagande inefficaces.