Ces dernières années, les médias publient de plus en plus souvent des informations sur des livraisons illégales d'armes, effectuées par Ankara, a indiqué dans une interview à Sputnik Alper Birdal, journaliste et écrivain turc.
Les autorités grecques ont annoncé mercredi avoir arraisonné et saisi mardi le cargo Haddad 1, battant pavillon bolivien et transportant des armes en provenance de Turquie à destination de la Libye. Selon M.Birdal, ses armes étaient destinées pour les Frères musulmans qui luttent contre le gouvernement libyen de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale. D'après Athèhes, ce navire a quitté le port turc d’Iskenderun et se dirigeait vers le port de Misrata en Libye.
"Cette cargaison avait pour destination Misrata, ville actuellement sous contrôle du gouvernement non reconnu de Tripoli, soit d'une région où les Frères musulmans ont annoncé la mise en place de leur propre gouvernement", a rappelé l'expert.
Et d'indiquer que Misrata était limitrophe de Sirt, ville contrôlée par le groupe djihadiste Etat islamique (EI).
"Cela a permis à certains experts de supposer que les armes étaient envoyées en Syrie. Mais s'il s'agit de Misrata, ces armes étaient destinées pour les Frères musulmans", estime le journaliste, soulignant que la Turquie a commencé ses livraisons d'armes lors du "printemps arabe en Libye, bien avant l'aggravation de la situation en Syrie.
La Libye est divisée entre un parlement élu avec son gouvernement basé dans le port oriental de Tobrouk, et un autre gouvernement de la milice islamiste dans la capitale de Tripoli, soutenu par les terroristes du groupe Etat islamique, tirant parti du chaos.
M.Birdal relève que la Turquie s'est transformée en base régionale de distribution d'armes et de commandos, mais qu'elle n'était pas seule à être impliquée dans ce processus.
"Avec la participation directe de la CIA et d'autres services secrets, toute une série de plaques tournantes pour transit d'armes a été mise en place. Néanmoins, ce problème n'a attiré l'attention de l'opinion qu'après l'éclatement de la guerre civile en Syrie", a conclu l'expert.
Quant au cargo arraisonné par la police portuaire grecque au large de l'île de Crète, Athènes le suspecte d’avoir tenté de violer l’embargo des Nations unies qui interdit toute importation d’armes en Libye. Ce bateau ne disposait pas de documents en règle pour sa cargaison. Par conséquent, il a été remorqué vers le port d’Héraklion où les douaniers grecs ont procédé à son inspection.