Café: le compte à rebours a commencé

© Flickr / Sharon & Nikki McCutcheonGrains de café
Grains de café - Sputnik Afrique
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Sécheresses, inondations et réchauffement climatique menacent notre dose de caféine matinale, cruciale pour bon nombre de Terriens.

En prenant notre petit noir matinal, nous ne songeons guère aux changements climatiques. Cependant, si l'on jette un œil aux plantations de caféiers, la situation se présentera sous un angle tout à fait différent.

Par exemple, les fermiers mexicains, récemment interrogés par Elisa Frank de l'Université de Californie à Santa Barbara, font état d'une hausse du nombre d'averses inondant les plantations de caféiers. Les régions connues jadis pour leur climat stable et doux vivent désormais des écarts de température importants: le froid empêche les arbres de pousser et la chaleur assèche les baies de café avant qu'elles ne mûrissent. Des ouragans et des glissements de terrain malmènent eux aussi les plantations.

A travers l'Amérique du Sud, l'Asie et l'Afrique, les problèmes sont les mêmes. Suite au réchauffement global, les caféiers souffrent de sécheresses, d'inondations et d'invasions de parasites. Et chaque amateur de café pourrait bientôt en ressentir les conséquences.

Deux milliards de tasses de café sont bues quotidiennement dans le monde. Comment faire pour que les livraisons de café soient indépendantes de la météo, s'interroge BBC Future? Un déficit se profile-t-il?

L'une des solutions proposée par des experts consiste à… changer de goût. Il existe en effet deux espèces de café les plus commercialisées. L'arabica est généralement le plus apprécié des connaisseurs. 70% du café du dans le monde appartient à cette espèce. Son rival le plus important est le robusta: plus facile à cultiver et donc moins cher, offrant un meilleur rendement et un taux de caféine bien plus important, il est très utilisé en mélange.

Les caféiers d'Arabie nécessitent, il est vrai, un climat particulier qui n'existe que dans certaines régions du monde, confirme Christian Bunn de l'Université Humboldt à Berlin. Les arbustes délicats ne résistent pas aux intempéries dues au réchauffement global. Par exemple, au Mexique, les températures en hausse provoquent des averses qui empêchent les arbustes de former des germes. D'autres régions sont confrontées au problème opposé: la sécheresse.

Les conséquences pourraient être très sensibles tant pour les agriculteurs que pour les amateurs de café. D'ici à 2050, les prix du café pourraient grimper de 25%. Mais les revenus des agriculteurs n'augmenteront sans doute pas. Après des années de confusion, ils pourraient finalement opter pour d'autres cultures, plus prévisibles. De nouveaux entrepreneurs pourraient prendre la relève, mais ceci risque de porter un coup dur à l'écosystème. Pour satisfaire à la demande, jusqu'à 2,2 millions d'hectares de forêts tropicales pourraient être détruites.

Mais si les amateurs de café acceptent de consommer le robusta, plus amer et moins raffiné, ce drame pourrait être contourné, expliquent des experts. Cette espèce est, en effet, plus résistante au changement de températures. 

L'initiative « Café et climat », lancée en 2010, réunit une dizaine de grands producteurs et leur permet d'échanger leur expérience en matière de résistance aux changements climatiques. Par exemple, il est proposé de greffer des pousses d'arabica sur des racines de robusta afin de créer un hybride résistant à la sécheresse, qui conserve en même temps l'arôme si prisé des amateurs.

Des recherches en matière de sélection sont également en cours. Les spécialistes espèrent créer une espèce réunissant les meilleures qualités d'arabica et de robusta. Toutefois, personne ne peut dire avec précision quand ces recherches porteront leurs premiers fruits.

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