Après la démission du premier ministre Alexis Tsipras, le président grec Prokópis Pavlópoulos insiste sur le fait que les dirigeants de l'opposition conservatrice et du parti de gauche Unité populaire tentent de former un nouveau gouvernement afin d'éviter de nouvelles législatives.
D'après un responsable lié à la présidence, la date des législatives anticipées pourrait encore être changée, mais on sait déjà que le chef de l'Etat grec a l'intention de nommer Vassiliki Thanou premier ministre par intérim. Dans ce cas, celle-ci deviendrait la première femme à la tête du gouvernement grec.
"Le même jour, le président annoncera la date des élections, et ce sera probablement le 20 septembre. Le président souhaite que le processus se déroule rapidement et que les élections aient lieu dès que possible", a expliqué le responsable.
Dans un entretien à Sputnik, le membre du parti communiste grec Elissios Vagenas a levé le voile sur la situation à l'intérieur du pays et a précisé la position de son parti face aux derniers événements, et en particulier, à la décision de tenir des élections anticipées.
"Athènes gouverne dans l'intérêt du grand capital"
Le parti communiste, selon M. Vagenas, à la différence de Syriza et des autres partis de gauche, est persuadé que la crise économique et sociale ne sera pas résolue jusqu'à ce que le pays rompe ses liens avec l'OTAN et l'UE. A l'heure actuelle, l'économie dépend sévèrement des grands capitaux. Si la situation ne change pas, le gouvernement poursuivra ce cap destructeur pour son peuple, et ce quelle que soit sa composition — gauche, droite, conservatrice, libérale ou radicale.
Le parti communiste ne nourrissait pas d'illusions au sujet de Syriza. Parvenu au pouvoir, le parti a commencé par abolir deux accords de créance et en a ensuite signé un autre, prouvant ainsi qu'il œuvrait dans l'intérêt du capital, et pas dans l'intérêt de son peuple. Les partisans de Syriza maintiennent que cet accord représente une "bouée de sauvetage" pour les citoyens, alors qu'en réalité il entraînera des conséquences difficiles pour la population grecque. C'est précisément la raison pour laquelle le gouvernement brigue des élections anticipées, à savoir pour se légitimer de nouveau tant que la population ne se ressent pas encore le poids de cette "bouée de sauvetage".
"Les législatives, un artifice de la bourgeoisie"
Les législatives elles-mêmes ne pourront pas changer le climat politique du pays. Elles ne visent qu'à réarranger le système politique bourgeois, a estimé M. Vagenas. Le mécanisme électoral permet à la bourgeoisie de reléguer certains acteurs politiques au second plan et d'en promouvoir d'autres. Syriza est juste un produit de cette stratégie.
Récemment, la création d'une nouvelle version de Syriza, connue sous le nom d'Alliance populaire, a débuté, a également rapporté l'interlocuteur de Sputnik.
"Résistance ouvrière"
Répondant à la question sur sa position envers les élections anticipées à venir, M. Vagenas observe qu'alors que le gouvernement grec, suivi par les dirigeants mondiaux, insiste sur le fait que ces législatives sont nécessaires pour se stabiliser après la signature par la Grèce du nouvel accord de créance, la classe ouvrière est préoccupée essentiellement par le fait de savoir sur un nouveau gouvernement changera de cap.
M. Vagenas insiste sur le fait qu'il faudrait créer un mouvement de résistance constitué d'ouvriers et qui sera responsable de veiller à la situation économique et politique en Grèce. En particulier, ce mouvement devra contrer toute tentative du gouvernement d'appliquer de nouvelles mesures rigoureuses en matière de la économique. Les richesses de la Grèce, estime-t-il, doivent rester la propriété du peuple grec et servir à satisfaire ses besoins.
"Adieu" à l'UE et à l'OTAN
A la question de savoir si le parti communiste propose des démarches concrètes pour s'atteler à la crise, M. Vagenas affirme que la Grèce devrait renoncer à l'appartenance à l'UE et à l'OTAN, et que les titres de créance devraient être résiliés unilatéralement. Il estime également que les ouvriers devraient accéder au pouvoir el les biens de production — mis en commun.
Pourtant, il faut que cette stratégie soit accomplie étape par étape: premièrement, on modernise le mouvement ouvrier, deuxièmement, on crée une alliance des ouvriers, paysans, chômeurs et jeunes. Cette alliance contribuerait considérablement au succès général de la stratégie décrite, conclut M. Vagenas.