L'Arabie Saoudite veut tuer l'industrie du gaz de schiste américain

© Sputnik . Evgeny Biyatov / Accéder à la base multimédiaUn appareil de forage de gaz de schiste
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Les prix du pétrole continuent leur dégringolade dans le sillage des bourses mondiales. Le baril de brut américain est passé lundi sous la barre des 40 dollars à New York, soit son prix le plus bas depuis 2009.

Les marchés pétroliers anticipent l'atterrissage brutal de l'économie chinoise suivie d'un déclin de la consommation de pétrole en Chine, premier consommateur d'énergie au monde.

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45 dollars le baril, limite de la stabilité économique?
Charles Sannat, économiste français, directeur de la recherche économique d'AuCOFFRE.com, nous a décortiqué la situation. « Aujourd'hui, ce qui pose problème ce n'est pas tant l'offre de pétrole, mais le niveau de demande d'énergie qui est en forte baisse. La raison en est simple: il n'y a pas de croissance mondiale », affirme-t-il. Et d'ajouter: « On a des prix qui baissent et une volatilité extrêmement forte. C'est-à-dire qu'hier, on avait des marchés en Europe qui perdaient presque 8% en séance, un peu plus de 5% en clôture. Aujourd'hui, ils reprennent plus de 4%. En gros, on parle d'un écart de plus de 10% sur les mêmes valeurs en une journée. C'est-à-dire que la demande ne s'est pas plus effondrée hier qu'elle n'a augmenté aujourd'hui. Les marchés ne sont plus en mesure de donner le prix aux actifs, que ce soit des indices boursiers (CAC 40 en France ou Dow Jones aux Etats-Unis) ou des actifs financiers comme le pétrole. Aujourd'hui, personne ne sait donner le vrai prix du pétrole pour la bonne et simple raison que tous les marchés sont biaisés. Quand le marché n'est plus capable de donner un prix, c'est le mécanisme fondamental de l'économie qui est en panne. C'est très inquiétant. »

Que faire du surplus de barils qui écrasent le marché pétrolier mondial? Les pays de l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) refusent de fermer les vannes. Le seul pays membre qui a les moyens de réduire sa production pour faire remonter les cours, l'Arabie Saoudite, n'est pas disposée à le faire. Et l'Iran, bientôt libéré des sanctions occidentales, pourra exporter autant de brut qu'il souhaite.

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La Norvège durement touchée par la chute du prix du pétrole
« L'Arabie Saoudite est un fournisseur incontournable de la planète en termes de pétrole, en particulier, pour l'Europe et les Etats-Unis, explique Charles Sannat. Avec l'émergence de l'industrie de gaz de schiste américain, le côté indispensable de l'Arabie Saoudite aurait tendance à s'éroder. Le pouvoir saoudien cherche donc à éliminer un concurrent commercial. »

Le déclin des prix du brut va décourager le pétrole de schiste aux Etats-Unis parce qu'il est plus coûteux à produire que le pétrole de l'Afrique ou du Moyen-Orient où les champs pétroliers sont à faible profondeur. Selon Charles Sannat, l'industrie de gaz de schiste américain aura du mal à tenir encore plus de 12 mois. « Il est très difficile, coûteux et polluant d'extraire le pétrole aux Etats-Unis en recourant à la fracturation hydraulique, conclut l'expert. On extrait un baril pour 10 dollars en Arabie Saoudite contre 50-60 dollars aux Etats-Unis. La chute des prix est tellement significative qu'aujourd'hui, le baril de pétrole se vend moins cher qu'il ne coûte de l'extraire. Les subprime étaient de 1.000 milliard de dollars. En revanche, les crédits octroyés par les banques américaines à l'industrie de gaz de schiste sont de 5.400 milliards de dollars. L'Arabie Saoudite veut tuer l'industrie du gaz de schiste américain. On peut s'attendre à une crise de subprime pétrolier. »

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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