Sur fond de reprise des combats en Ukraine, l'ancien ministre allemand des Affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher invite l'Occident à "amorcer un nouveau départ" dans les relations avec la Russie et à renoncer à la politique de confrontation.
"Si quelqu'un s'affaiblit, il faut lui tendre la main: il ne l'oubliera pas. Mais si vous retirez la main, il ne l'oubliera pas non plus. Nous vivons dans un monde globalisé et dépendons de la coopération entre Etats beaucoup plus que par le passé. La politique de confrontation — qui consiste à établir qui est le plus fort et le plus important — n'est plus d'actualité. Il faut conjuguer les efforts pour résoudre les problèmes qui se posent", a déclaré l'ex-chef de la diplomatie allemande dans une interview au quotidien Süddeutsche Zeitung.
"Les Russes auraient pu le bloquer facilement s'ils le voulaient. Mais ils ne l'ont pas fait. Cela signifie que si les deux parties souhaitent quelque chose, cela devient possible", a indiqué Hans-Dietrich Genscher.
Selon lui, les sanctions contre la Russie sont inutiles et inefficaces.
"Je ne pense pas qu'elles aient donné le résultat recherché. Par contre, elles ont beaucoup profité à Poutine en ce qui concerne sa politique intérieure: grâce à ces sanctions, il a détourné l'attention des Russes de ses propres problèmes", a souligné l'ex-ministre, ajoutant que les sanctions "nuisaient à l'économie allemande".
Il a pourtant souligné que l'Occident ne devait pas reconnaître "l'annexion illégale de la Crimée".
Il reproche à l'Occident de ne pas avoir utilisé les institutions internationales pour prévenir la dégradation des relations avec Moscou. Il s'agit en premier lieu du Conseil Russie-Otan.
"Je ne comprends pas pourquoi il a été si peu utilisé. Cette structure a spécialement été créée pour les situations comme celle d'aujourd'hui: lorsque les relations ne sont pas au beau fixe, mais qu'elles traversent une période difficile. J'entends dire constamment qu'il n'est pas facile de réunir tout le monde autour de la table de négociations. Oui, c'est difficile, mais c'est mieux que de se complaire dans le silence diplomatique", estime M. Genscher.
Pour relancer les relations avec les Russes, il propose de réunir une conférence internationale.
"Mais cela ne concernait pas tout le monde. Un jour, alors que je voulais lever mon verre avec le ministre des Affaires étrangères de l'époque Andreï Gromyko, son épouse s'est penchée vers moi pour me dire qu'il ne fallait pas le faire: le médecin avait prescrit au ministre de renoncer à l'alcool, mais Gromyko ne voulait pas le montrer", a raconté l'ex-responsable allemand.