La France, premier fournisseur de djihadistes en Europe

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Procès du groupe Sharia4Belgium, affaire Medhi Nemmouche, Charlie Hebdo, attentats déjoués... Rongée par le radicalisme religieux, la France fait face à l’effroyable progression de l’Etat islamique et à l’indéniable séduction qu’il opère auprès de jeunes.

Depuis la proclamation du Califat en juin 2014, près de 1.000 Français sont partis rejoindre la Syrie ou l'Irak pour combattre les « infidèles ». Ainsi, le nombre de jeunes recrues d'origine hexagonale a augmenté de 44%! Ces djihadistes, souvent convertis à l'islam, espèrent vivre dans une sorte d'« Arche de Noé » qui ne sauvera que de « vrais musulmans ».

Selon le dernier bilan du ministère de l'Intérieur, 494 Français sont encore sur place et 126 y ont perdu la vie, soit une recrue sur sept. Enfin, près de 290 ont préféré rentrer, dont 223 sont aujourd'hui en France.

Le taux de mortalité est en augmentation constante. Entre janvier et juillet, il est passé de 11% à 14% et a grimpé de 280% depuis juillet 2014. Ces décès sont essentiellement dus aux frappes aériennes de la coalition. Selon l'état-major des Etats-Unis, pas moins de 10.000 djihadistes ont été tués depuis un an. Les combats contre les rebelles syriens et les islamistes de Jabhat Al-Nosra, ainsi que la terrible bataille face aux Kurdes pour le contrôle de Kobané, sont également en cause. Cependant, quel que soit le bilan, les Français constituent l'un des premiers bataillons de la Légion étrangère de l'Etat islamique.

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Riadh Sidaoui, directeur du Centre arabe de recherches et d'analyses politiques et sociales (Caraps) basé à Genève, explique ce phénomène de « pèlerinage »: « Au début, certains pays occidentaux et arabes ont pensé que le régime syrien allait chuter dans quelques mois. Ils ont encouragé directement et indirectement les jeunes à aller et combattre dans les rangs de l'Etat islamique ». L'expert pointe du doigt la rhétorique « héroïque » des médias européens qui saluaient les « combattants pour la liberté », ceux qui allaient en Syrie pour faire la guerre au régime officiel, puis les « amis de la Syrie » (France, Angleterre, Etats-Unis, Qatar, Arabie Saoudite) en Tunisie et au Maroc.

« La symphonie générale était de soutenir la guerre contre le régime syrien, rappelle Riadh Sidaoui. Depuis les deux dernières années, le discours français a radicalement changé. Le Monde était le premier quotidien hexagonal à annoncer que les services secrets français ont contacté leurs homologues syriens afin de les aider contre les djihadistes français. Aujourd'hui, les médias français parlent du terrorisme de façon ouverte. De plus, on accuse le Qatar et l'Arabie Saoudite d'aider et de financer les filières djihadistes. La Turquie, alliée militaire à la France, membre de l'Otan, est la porte ouverte des djihadistes au Proche-Orient. Rappelons la déclaration d'Yves Bonnet, ancien directeur de la Direction de la surveillance du territoire (DST): "Il y a un vrai problème avec le Qatar. Et je me fiche des résultats du Paris-Saint-Germain". »
Et d'ajouter que le terrorisme de Daesh est un véritable business: « Joe Biden, vice-président américain, prenant la parole devant les étudiants de Harvard, a dit clairement: "Nos amis saoudiens, qatariens et turcs ont financé Daesh". Le ministre de l'Intérieur tunisien a également dit que les hommes d'affaires des pays du Golfe finançaient le terrorisme en Tunisie. Il y a une instrumentalisation politique de la part des cheikhs qui envoient les jeunes au sein de l'Etat islamique et un phénomène psychologique, car il s'agit des jeunes malades et exclus de la société ».

Face au « pèlerinage » massif de ses citoyens aux théâtres d'opération en Syrie et en Irak, la France doit-elle se réjouir ou se lamenter de l'article L. 221-4 du Code de la sécurité intérieure qui dispose: « Tout Français peut faire l'objet d'une interdiction de sortie du territoire lorsqu'il existe des raisons sérieuses de penser qu'il projette: 1° Des déplacements à l'étranger ayant pour objet la participation à des activités terroristes; 2° Ou des déplacements à l'étranger sur un théâtre d'opérations de groupements terroristes, dans des conditions susceptibles de le conduire à porter atteinte à la sécurité publique lors de son retour sur le territoire français […] »? Car, frustrés de ne pas pouvoir rejoindre les rangs de l'Etat islamique, les djihadistes potentiels présenteraient un risque fort de passage à l'acte en France…

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