Le jour de l'anniversaire de la construction du mur de Berlin, M. Schulze s'est exprimé sur la signification des murs à l'époque et de nos jours. Une intervention qui fait suite aux déclarations de la Lettonie et de l'Ukraine, qui souhaitent édifier des murs le long des frontières russes.
Mais à l'époque, le mur de Berlin avait une signification économique. Son but était d'arrêter le flux d'immigrés de la République démocratique allemande vers l'Occident, ce qui écornait fortement la réputation du pays, raconte le professeur. Selon lui, le parti socialiste présentait cela comme la création d'un mur contre l'impérialisme et le fascisme.
Dans le cas de l'Ukraine et de la Lettonie, d'Israël et de la Palestine ainsi que de la Chine, c'est une autre histoire, fait-il remarquer.
Le premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a annoncé en septembre 2014 que l'Ukraine érigerait un mur ressemblant à celui de Berlin à la frontière ukraino-russe. Pour le moment, la réalisation de ce projet a été suspendue faute de financement. Cela reviendrait au budget ukrainien à 200 millions de dollars.
"En Ukraine, la construction d'un mur est un symbole. Il n'y a pas de réfugiés russes ni en Lettonie, ni dans d'autres pays baltes. Les Russes ne s'enfuient pas en Ukraine. Ce sont plutôt les Ukrainiens qui s'enfuient en Russie, car l'Ukraine est actuellement en banqueroute économique. Si la situation en Ukraine s'aggrave, une vague de migrants s'abattra sur la Russie", prévient-il.
Commentant la déclaration des autorités lettones qui souhaitent, elles aussi, construire un mur à la frontière lettono-russe, argumant de la nécessité de faire face à un flux migratoire toujours croissant, M. Schulze estime que c'est "un message sans ambigüité selon lequel que la Russie doit être coupée du reste de l'Europe".
L'expert pense que la construction du mur par la Lettonie n'a pas de sens. "Qui s'est enfui en Lettonie? On dit: 134 Vietnamiens. Cela prête à rire dans un contexte où le nombre des réfugiés vers l'Union européenne a atteint un million cette année". D'après M. Schulze, la catastrophe réelle est en Macédoine, en Croatie, en Grèce ainsi qu'en Italie et en Espagne, et l'on n'édifie pas de murs dans ces pays.
"Les Hongrois souhaitent renforcer leur frontière car la situation dans la Serbie les dérange. Mais pour la Lettonie et l'Ukraine, c'est une affaire risible qui n'a qu'un sens politique, notamment pour rendre visible l'exclusion de la Russie hors de l'Europe".