Conformément à l'accord entre François Hollande et Vladimir Poutine après la rupture du contrat, la France est à payer les frais de sa sottise.
En réalité, «la bonne solution aurait été de livrer les Mistral à la Russie», indique le contre-amiral François Jourdier. «On va les brader. Si le Canada, l'Inde, le Brésil, l'Egypte et l'Arabie Saoudite sont intéressés, c'est parce qu'on les vend beaucoup moins chers qu'ils coûtaient à l'origine», affirme-t-il.
De plus, la dérussisation et la décustomisation des Mistral coûteraient 200 millions d'euros. «Il va falloir les transformer et adapter aux normes des pays tiers, au moins d'acheter des équipements russes», témoigne François Jourdier. Jean-Vincent Brisset, directeur de recherches à l'IRIS, spécialiste des affaires internationales et de défense, partage le même avis: «Il y a toute sorte de possibilités: d'abord, l'endroit où ils seront utilisés. Il est évident que pour les mers tropicales, il faudra modifier le système de refroidissement. C'est aussi l'électronique, la communication, le système de commandement et autres qui sont à adapter en fonction du client potentiel».
Le bilan final dépendra du prix de revente, si elle a lieu. En ce qui concerne la Russie qui n'a pas encore donné un commentaire sur la somme à rembourser, le pays a largement profité du transfert de technologies et a présenté la maquette du navire alternatif au BPC français, le Priboï, dans le cadre du forum Armée-2015, du 16 au 19 juin dans la région de Moscou. Un coup de massue a été donné par Washington: le groupe américain Bell Helicopter vient de signer un accord d'assemblage avec l'usine d'aviation civile russe de l'Oural, sous le coup des sanctions. Et la France? Elle attend l'examen de l'accord entre Hollande et Poutine par le Parlement, en septembre, et traverse une crise agricole majeure, son agro-alimentaire étant sous l'embargo de Moscou…