Selon M. Baussart, il est normal que les hommes d'affaires et les responsables politiques se précipitent à Téhéran puisqu'il est indiscutable que "le marché iranien est l'un des plus prometteurs en termes de croissance pour les années à venir". Et pour cause: certains estiment le montant approximatif des contrats qu'ils peuvent se partager à environ 200 milliards de dollars.
"Nous ne pouvons pas prévoir avec précision quelles seront les prochaines décisions de l'Iran en politique étrangère, notamment sur le dossier syrien, car l'élite dirigeante iranienne est largement divisée sur les options à retenir mais il est indéniable que l'Iran va retrouver un rôle de premier plan sur la scène internationale", estime-t-il.
D'après l'expert, l'Iran pourrait jouer un rôle très positif dans le rééquilibrage des forces et de l'influence des puissances au Moyen-Orient.
Pour M. Baussart, certaines pétromonarchies comme le Qatar, voire la Turquie, ont joué un "rôle néfaste en soutenant financièrement ou logistiquement des groupes islamistes radicaux qu'ils ne peuvent pas réellement contrôler même s'ils décidaient de corriger leurs erreurs passées".
"Je ne crois pas à un changement immédiat de la position iranienne. Des pays amis de l'Iran, comme la Russie ou le Kazakhstan, ont un grand rôle à jouer dans l'évolution positive des positions iraniennes. Concernant le Yémen, cela dépendra grandement du niveau de l'agressivité de la monarchie saoudienne. La réaction excessive de l'Arabie Saoudite aux accords sur le nucléaire n'est pas étonnante mais ne facilitera pas le règlement du dossier yéménite comme une évolution positive de la situation en Irak. L'Arabie saoudite va tenter de prouver qu'elle reste puissante, donc, nous pouvons plutôt craindre une escalade dans un premier temps", a-t-il indiqué.
M. Baussart exclut une collaboration étroite dans la lutte contre l'Etat islamique dans un avenir proche. Selon lui, les pays membres de l'Otan doivent auparavant clarifier leurs positions vis à vis de leur turbulent allié turc.
"Le président Erdogan continue à choisir la voie du pire qu'il estime être la meilleure pour ses intérêts. Je ne crois pas que la Turquie a réellement choisi de combattre sérieusement l'Etat islamique, cela entraine de multiples conséquences sur les choix flous des européens et des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme", estime-t-il.
Selon M. Baussart, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad-Javad Zarif, et le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, ont largement œuvré pour la paix en facilitant la signature de l'accord.
Toutefois, il serait erroné, selon lui, de décerner le prix Nobel de la Paix, à ces seules personnalités.
"Au moins trois autres éminentes personnalités ont joué un rôle majeur dans ces discussions, Sergueï Lavrov (chef de la diplomatie russe, ndlr), le président Nazarbaïev (président kazakh) et madame Catherine Ashton (ex-chef de la diplomatie de l'UE). Si le prix était décerné à ces cinq personnalités, cela représenterait mieux la réalité et le rôle de ceux qui ont joué un rôle positif dans cette négociation historique", estime-t-il.