Après 54 ans de rupture, les deux pays ont rouvert leurs ambassades, ce qui constitue une nouvelle étape concrète du rapprochement historique engagé en décembre par les Présidents Barack Obama et Raul Castro et qui met fin à la politique d'hostilité et de non-communication. Désormais, le gouvernement de la Havane et de Washington pourront dialoguer directement sans passer par l'intermédiaire de la Suisse.
Ce pas vers le changement de l'époque ne résout portant pas le différend entre Washington et La Havane. Les sanctions économiques constituent un obstacle majeur à la normalisation des relations entre les deux pays. Il reste également la question du camp de Guantanamo, les milliards de dollars d'indemnisation réclamés par les Américains expropriés à la révolution, l'extradition des fugitifs réfugiés à Cuba qui sont recherchés par la justice américaine. Salim Lamrani nous décrypte les sujets épineux point par point.
Quant au camp de Guantanamo, le différend est facile à résoudre du point de vue juridique, parce que l'accord, signé en 1902, était imposé par la force. Depuis 1959, Cuba refuse d'encaisser le chèque de 4.000 dollars par an en expliquant qu'il s'agit d'une occupation qui se fait contre la volonté du peuple cubain et qu'il s'agit d'une occupation illégitime du territoire souverain. Selon Salim Lamrani, la résolution qui ne peut être que diplomatique dépend de Washington qui, jusqu'à présent, affirmait que cela ne faisait pas parti de l'agenda des négociations.
« Le temps fait son œuvre et l'exil historique tend à disparaître », conclut Salim Lamrani. Reste à savoir, si les Etats-Unis, d'un côté, sont prêts à satisfaire les demandes hypertrophiées de La Havane et si, d'autre part, Cuba, à la croisée des chemins, choisit entre les Etats-Unis, qui l'avait « oppressé » depuis plus d'un demi-siècle, la Russie, partenaire traditionnel de l'île, et la Chine qui projette d'y installer des missiles nucléaires.
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