Ils ont été enlevés près d'un complexe industriel appartenant au groupe pétrolier et gazier ENI dans la région de Mellitah, à l'Ouest de Tripoli. Une unité de crise a immédiatement été activée par le ministère italien des Affaires étrangères qui reste « en contact constant avec les familles et l'entreprise Bonatti ».
« Ce pourrait être une occasion de chantage non seulement économique, mais politique, continue Dario Citati. La fermeture de l'ambassade italienne représente des problèmes, car c'était la dernière ambassade occidentale qui restait ouverte en Libye » jusqu'au 15 février. Cette piste est assez crédible car plusieurs précédents existent déjà. En juin, des milices de la coalition Fajr Libya, proches du gouvernement de Tripoli, avaient kidnappé des diplomates tunisiens en plein consulat pour faire pression sur Tunis afin d'obtenir la libération d'un de leurs chefs.
L'heure est grave en Libye qui a deux gouvernements et deux armées plus la menace djihadiste. Des milliers de migrants clandestins préfèrent s'exposer à la bonne foi des trafiquants et des chalutiers vétustes qui les emmènent du territoire ensanglanté vers une Europe solidaire via la mer Méditerranéenne. Pourquoi les Italiens restent-ils en Libye même s'ils étaient tous appelés à quitter le pays après la fermeture de l'ambassade? La réponse de Dario Citati est exhaustive: « Pour l'Italie, la Libye reste un scénario stratégique. Il s'agit d'un pays où les services de renseignement les plus importants, les plus au courant de ce qui se passe, — ce sont les services italiens. Après la fermeture de l'ambassade, la présence italienne sous la forme même des entreprises économiques, le lien avec cette région et la possibilité d'avoir des contacts, d'être présent, seraient pratiquement nuls. Bien sûr, les gens savent les risques qu'ils prennent. En tout cas, cela devrait faire réfléchir non seulement sur la nécessité de travailler plus avec la Russie, par exemple, pour des questions énergétiques, mais aussi sur une aggravation de la situation libyenne où personne n'a du mal à comprendre ce qui se passe.»
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