Le premier ministre grec Alexis Tsipras, arrivé au pouvoir sur une vague d'opposition au FMI et aux banques européennes, a finalement signé un accord encore plus léonin, quelques jours après un référendum où le pays avait clairement dit "non" aux conditions des créanciers internationaux. Estimant avoir été trahis, les Grecs sont dans la rue.
Les Grecs parlent d'argent et émettent leurs réserves. George Milevski, chef de port, dresse le tableau: avec son salaire de 1600 euros, il ne lui reste plus que 600 euros pour vivre après le paiement de toutes les taxes. "Tous les politiciens sont des traîtres, la Grèce a du pétrole, du gaz, de l'uranium, de l'or, le tourisme, l'agriculture, nous devrions vivre bien mieux! Alors qu'ils nous ont mis un pistolet sur la tempe et ne jouent pas à la roulette russe avec une seule balle — ils ont armé tout le chargeur et ont pressé sur la détente", fulmine-t-il.
L'une des exigences des créanciers est que la Grèce vende des actifs publics pour 50 milliards d'euros. Les Grecs craignent que les îles privées ne soient pas les seules à être vendues — l'une d'elles vient d'être achetée par l'acteur Johnny Depp — mais aussi les îles publiques désertes — la Grèce en compte près de six mille. L'île Saint-Thomas a ainsi été achetée par le milliardaire américain Warren Buffet et le magnat italien Alessandro Proto.
Syriza est divisé — les membres du parti tournent le dos à Tsipras, démissionnent et disent que même sa femme, opposée à cet accord, veut le quitter. La mère du premier ministre a déclaré que son fils vivait très mal la crise de son pays. Aristi Tsipras, 73 ans, a déclaré dans une interview accordée à la revue Protothema que son fils ne dormait plus et ne mangeait plus: "Mais il n'a pas le choix, c'est son devoir devant son peuple qui lui fait confiance".
Le 13 juillet, Athènes et l'UE sont tombés d'accord sur un programme visant à faire sortir la Grèce de la crise de la dette. Le pays bénéficiera d'une aide de 86 milliards d'euros en échange d'une politique d'austérité. L'étude du projet de loi sur les réformes nécessaires pour conclure l'accord avec le Mécanisme européen de stabilité (MES) se déroulait en pleins affrontements entre des manifestants et la police. Malgré tout, le document a été adopté et les membres du cabinet opposés aux réformes ont été exclus du gouvernement.