La Corée du Sud a changé son fusil d'épaule concernant les mariages avec les étrangers. Considérés comme blâmables il y a quelques décennies, ils ne provoquent plus aujourd'hui aucune condamnation. Qui plus est, la situation dans le pays est assez atypique: ce ne sont pas les gens aisés mais les habitants les plus pauvres des régions coréennes dépressives qui tentent de trouver une femme étrangère. Autre particularité: ils préfèrent les Vietnamiennes aux Chinoises, qui ont déjà mauvaise réputation.
La Corée, du Nord comme du Sud, est souvent considérée comme un État "monoethnique". Jusqu'à récemment, cette définition était tout à fait justifiée car il n'y avait presque pas de minorités ethniques dans la péninsule coréenne.
Les étrangers qui s'installent durablement en Corée du Sud peuvent être divisés en deux groupes: le premier est celui des travailleurs non-qualifiés, qui a déjà dépassé le million de personnes; et l'autre celui des fiancées étrangères.
En ce qui concerne les immigrés, tout est très simple. Aujourd'hui, les salaires en Corée sont assez confortables mêmes du point de vue de l'Europe — sans parler de l'Asie. Il est donc peu surprenant que des citoyens des États voisins arrivent massivement dans le pays.
La situation de l'autre catégorie d'immigrés — les femmes étrangères des citoyens coréens — est pourtant tout à fait différente.
Mais les temps changent et la Corée du Sud est devenue l'un des leaders mondiaux des mariages mixtes. Ces dix dernières années, un mariage sur dix dans le pays était une union entre des citoyens coréens et étrangers. Cette tendance a atteint son apogée en 2005, quand la part des mariages mixtes s'est chiffrée à 13,5%. Le niveau de 2013 est moins important: 8,1%.
Plus qu'avec des étrangers en général, il s'agit surtout de mariages avec des femmes étrangères. 70,7% des mariages de ce type en 2013 étaient conclus entre un Coréen et une femme étrangère. Ces dernières sont principalement originaires des pays pauvres de l'Asie de l'Est et du Sud-Est: les Chinoises (33,1%), les Vietnamiennes (31,5%), les Philippines (9,2%) et les Cambodgiennes (4%) selon les données de 2013.
Dans la plupart des pays du monde, ce sont d'habitude les habitants des régions plus développées qui optent pour des mariages mixtes, mais en Corée du Sud la situation est inverse: moins développée est la région, plus importante y est la part des mariages mixtes. Dans les zones en dépression économique — selon les standards coréens — du sud-ouest du pays la part des unions avec des étrangères peut dépasser les 20% en moyenne.
Côté coréen, ces mariages impliquent généralement des hommes de milieu rural des régions peu développées — à cause de leur situation démographique défavorable. La plupart des jeunes filles quittent leur village après l'école, mais les hommes restent pour cultiver les terres dont ils ont hérité. Cette migration provoque une "pénurie" de jeunes femmes dans des villages éloignés. De nombreux célibataires s'adressent ainsi aux agences spécialisées pour trouver une fiancée à l'étranger.
Mais les femmes chinoises ont déçu les paysans coréens. Il s'est avéré que les Coréennes chinoises — et les Chinoises en général — avaient une particularité dérangeante: après la période nécessaire de mariage pour obtenir la citoyenneté coréenne, elles divorçaient immédiatement de leurs maris malchanceux et partaient sans laisser d'adresse.
Le fait est que malgré tous les succès enregistrés par le pays ces dernières années, le Vietnam reste toujours très pauvre selon les standards internationaux. Une jeune fille vietnamienne considère donc une maison coréenne rurale ordinaire — qui a non seulement l'électricité, mais aussi la canalisation et l'eau chaude — comme un palais luxueux. Elle est ainsi souvent prête à ne pas remarquer les bizarreries de son futur mari, sans parler de son âge. Dans les mariages vietnamo-coréens le fiancé est en moyen plus âgé de 11 ans. Les filles cambodgiennes, elles, sont d'habitude 16 ans plus jeunes que leurs maris coréens.
Le nombre de mariages mixtes en Corée du Sud a passé la barre des 200.000. Beaucoup de ces unions se divisent (40%) avec le temps, mais les ex-femmes fugitives restent normalement dans le pays. Elles se remarient en général mais, cette fois, après un choix conscient et en ayant compris les spécificités locales.
Ces mariages engendrent aussi des enfants d'origine mixte, dont le nombre approche des 300 000. Leur sort n'est pas toujours facile et leurs résultats à l'école laissent à désirer. D'après l'usage coréen, c'est la mère qui doit s'occuper des études des enfants. Mais quand cette dernière est une jeune paysanne vietnamienne qui n'a terminé que l'école primaire et ne sait pas très bien parler le coréen, elle est dans l'incapacité de corriger les devoirs de ses enfants. Qui plus est, ces derniers font face à une certaine discrimination.
Les publications des médias sur les problèmes liés aux mariages mixtes et les récits des Coréens expérimentés ont, d'une certaine manière, influé sur l'opinion publique. Le nombre de ces mariages se réduit donc ces dernières années, mais reste toutefois très important par rapport à n'importe quel autre pays. La Corée du Sud se transforme en État multinational et les autorités tentent d'encourager cette tendance, tout en la contrôlant.
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