Cette semaine, les partis et organisations indépendantistes catalans ont annoncé qu'ils formeront une nouvelle alliance en vue des élections régionales, en automne. La liste sera menée par la Convergence démocratique de Catalogne (CDC) du président de la région Artur Mas et la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) dirigé par Oriol Junqueras, ainsi que l'Assemblée nationale catalane et Omnium Cultural.
Martí Anglada, le délégué du Gouvernement de la Catalogne en France et Suisse parle de ses attentes envers les élections du 27 septembre prochain: « Les principaux problèmes en Catalogne sont le sous-financement, le statut de la langue régionale. L'indépendance est la seule voie ouverte pour avoir une société culturellement et économiquement plus solide. »
« Le vote du 25 septembre est important pour le président de la communauté autonome de la région de Catalogne qui a avancé le renouvellement du Parlement de la région en transformant la consultation, du moins, aux partis qui sont favorables à ce projet », nous a confié Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l'IRIS sur les questions ibériques (Amérique latine et Espagne).
Selon les derniers sondages du Centre d'étude de l'opinion publique catalane, plus de moitié de la région se prononce contre la création d'une communauté autonome et indépendante. 50% des personnes interrogées souhaitent le maintien de la Catalogne au sein de l'Espagne, 42,9% soutiennent la souveraineté. « Les élections municipales ont émergé une autre revendication et d'autres modèles politiques autour du social, continue Jean-Jacques Kourliandsky. Pour la majorité des électeurs, le problème majeur ce n'est pas le drapeau national ou un éventuel siège aux Nations-Unies, mais la défense de leurs droits sociaux ».
Ainsi, les Catalans ne sont pas tellement préoccupés des questions de la souveraineté, mais se demandent plutôt quelle est la meilleure option politique leur permettant d'accéder au travail, de sortir de la crise. « Ils ont hésité pendant 2-3 ans, précise Jean-Jacques Kourliandsky. Les sondages signalaient, il y a deux ans, que l'option souverainiste frôlait les 50%, elle a baissé aujourd'hui. Il y a même un groupe politique qui s'est détaché du parti souverainiste du président de la région actuel pour prôner un nouvel aménagement entre Madrid et ses périphéries. C'est l'option qui aurait la préférence du grand nombre d'électeurs en ce moment, derrière l'option essentielle du social. La preuve en est que la liste de la coalition qui est en train de se mettre en place du parti politique favorable à la souveraineté de la Catalogne ne sera pas conduite par le président de la région actuel mais par un responsable connu pour ses engagements sociaux plutôt que nationalistes ».
Le succès de n'importe quelle région aspirant à l'indépendance peut entraîner toute une vague d'événements qui changeront, une fois pour toute, la carte politique du monde. En devenant des Etats indépendants, Catalogne, Ecosse ou Flandre se heurteront à la nécessité de changer les relations avec le reste de l'Europe. Il peut se trouver qu'en s'affranchissant de l'Espagne, de l'Angleterre ou de la Belgique, ces régions tomberont dans la dépendance des autres centres politiques et elles devront accepter des concessions encore plus grandes qu'aujourd'hui. Conscients des conséquences négatives, les populations d'autres moyens politiques de régler la crise, comme nous a annoncé Jean-Jacques Kourliandsky.