"Le Kirghizstan considère la remise de ce prix prestigieux à M.Askarov comme un acte destiné à empêcher le renforcement de la paix interethnique dans notre pays", a indiqué le ministère.
Selon le ministère, les activités de M.Askarov ne peuvent pas être évaluées comme liées à la défense des droits de l'homme ou de la paix et ne méritent pas le prix américain.
Cette déclaration montre que les autorités kirghizes ne vont pas libérer Askarov, incarcéré depuis 2010, malgré les pressions exercées par l'OSCE et le Département d'Etat américain. Selon le ministère, "tout le monde considérera la remise du prix à M.Askarov comme liée à l'évacuation du Centre de transit américain de l'aéroport international à Bichkek, et à la nomination de Richard Miles au poste de chargé d'affaires ad intérim des Etats-Unis au Kirghizstan".
La base militaire américaine en Kirghizstan a été ouverte en 2001, à la veille de l'intervention internationale en Afghanistan. Le Kirghizstan demandait de fermer la base dès 2006 suite à plusieurs incidents impliquant des soldats américains. Toutefois, les forces américaines et celles de l'OTAN n'ont quitté le Kirghizstan qu'en 2014. Bien après l'évacuation du personnel de la base, en avril dernier, l'ambassade américaine a reçu 150 tonnes de fret diplomatique inconnu.
Il est peu probable que la décoration du défenseur des droits de l'homme emprisonné provoque des conflits interethniques au Kirghizstan. Mais c'est une déclaration des intentions américaines assez claire. Ayant évacué leur base après 8 ans des exigences de Bichkek, les Etats-Unis ne veulent pas perdre leur influence en Asie centrale. Le départ possible des présidents ouzbek Islam Karimov, 77 ans, et kazakh Noursoultan Nazarbaev, 75 ans, peut provoquer dans les pays instables des ébranlements sérieux. Le Kirghizstan peut devenir un point nevralgique de la région.