Grève à l’AFP: quand les journalistes paralysent l’information

© AFP 2024 FRED DUFOURVue des bureaux de l'AFP à Paris
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De nombreux journalistes de medias français restent privés, depuis mardi, d’une de leurs sources d’information, l'AFP étant complètement bloquée, avec des piquets de grève "sur les bureaux" afin d'empêcher l’envoi de toute dépêche.

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Selon le journaliste et l'écrivain français au service du quotidien Les Echos, Yves Bourdillon, "cette grève, sans précédent depuis très longtemps et votée par les six syndicats maison, s'explique, sur fond de divisions syndicales, par la manière dont le PDG de l'AFP, Emmanuel Hoog, essaye d'harmoniser les conditions de travail via un accord unique au sein de l'entreprise, car il estime que l'empilement depuis 1944 de 117 accords régissant temps de travail, congés, salaires et évolution de carrières gêne la modernisation de l'agence".

"Certains syndicats, tels que la CFDT, SUD et le SNJ, ont accepté d'entrer en négociations il y a un an et demi, ce que refuse la CGT, proche du parti communiste. C'est pour imposer un nouveau cycle de négociations ouvert à tous les syndicats que le patron de l'agence a dénoncé récemment tous les accords sociaux en vigueur, ce qui a mis le feu aux poudres", a expliqué Yves Bourdillon dans une interview accordée à l'agence Sputnik.

Le PDG de l'AFP, Emmanuel Hoog, a affirmé que dénoncer les accords sociaux ne signifiait pas "faire table rase" des acquis, le socle proposé par la direction se situant "bien au-delà du simple code du travail ou des conventions collectives".

"RTT, congés, horaires et conditions de travail, salaires, emploi, perspectives de carrière: tout est remis en question si le PDG franchit le pas", estiment les syndicats CGT, FO, SUD et CFE-CGC qui ont appelé à une "grève totale, bloquante", "en raison de la brutalité de l'attaque sur nos droits sociaux".

Selon le délégué syndical (SNJ), Benoît Fauchet, cité par Le Monde, "on ne comprend pas ce geste, c'est un acte de mépris pour les syndicats qui négocient", en outre, cette décision conforte tout le monde dans l'idée que la direction veut imposer des conditions de travail moins favorables, à l'image du passage des RTT de 18 à 7 jours ou de l'alignement des congés de tous sur ceux des journalistes.

Jeudi, la direction avait également tenté de rassurer les personnels en expliquant qu'"à partir du 20 juillet, les organisations syndicales sont conviées à des réunions de négociation thématiques qui permettront d'étudier leurs contre-propositions afin de converger vers une position commune". Elle s'est également engagée à "une augmentation salariale générale" en 2016. Apres quoi, deux syndicats, la CFDT et le SNJ, majoritaires dans la rédaction, ont appelé à suspendre le mouvement de grève jusqu'au 20 juillet, date de reprise prévue des discussions. Mais quatre autres syndicats (CGC, CGT, FO, SUD) ont appelé à poursuivre le mouvement.

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"Cette dénonciation des accords intervient très opportunément dans la torpeur de l'été alors qu'Emmanuel Hoog pense avoir les mains libres, maintenant que la course en vue de France Télévisions est terminée, que son mandat à l'AFP a été prorogé de trois à cinq ans (soit jusqu'en 2018 au lieu de 2016, ndlr) et que son contrat d'objectifs et de moyens avec l'Etat a été signé", a déclaré le Syndicat national des journalistes, cité par Liberation et Mediapart.

Ce n'est pas tout à fait l'avis de tous les syndicats, en particulier la CGT qui a refusé l'invitation de la direction au motif qu'elle ne voulait pas entrer dans "de pseudo-négociations". Du côté de la CGT, selon le Figaro, on appelle "à la grève, jusqu'à ce que le PDG abandonne son idée insensée de dénonciation des accords".

Une nouvelle assemblée générale doit avoir lieu vendredi à 14H30 pour décider ou non de la poursuite du mouvement, qui perturbe fortement les services de l'AFP.

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