Lorsque le roi de Macédoine Alexandre lui rendit visite pour lui proposer de lui offrir ce qu'il voulait, Diogène, qui vivait dans la rue et dans une jarre, lui répondit: "Ote-toi de mon soleil" », dont le roi de Macédoine obstruait vraisemblablement la lumière. La rumeur (fondée) affirme que le même Alexandre aurait avoué un jour vouloir être Diogène s'il n'avait pas été roi, preuve s'il en est que les responsables politiques et militaires de l'époque étaient également d'authentiques intellectuels et Hommes avec un grand H.
Quasiment aucun commentateur ni observateur français n'a su non plus traduire le sens "politique" profond de l'alliance entre Syriza, mouvement de gauche, et un petit parti grec souverainiste du nom dénommé Grecs indépendants. Une alliance qui reviendrait à voir en France peu ou prou Jean-Luc Mélenchon s'allier avec Nicolas Dupont-Aignan, pour faire fi de leurs minimes différences au nom d'un intérêt supérieur: celui du peuple et de la patrie.
A Bruxelles, on tenta de faire capoter cette consultation populaire en gardant sans doute en tête que lors du référendum français du 29 mai 2005 sur le traité établissant une constitution pour l'Europe et qui demandait aux citoyens français de savoir s'ils "approuvaient le projet de loi qui autorise la ratification du traité établissant une constitution pour l'Europe", le "non" avait recueilli 54,68 % des suffrages exprimés. Bien que le choix du peuple ne fut pas respecté, nul doute que les instances européennes sont parfaitement conscientes du risque à faire voter les peuples, particulièrement lorsque ceux-ci sont mal gouvernés.
En Grèce, les chaines de télévision privées ont atteint un niveau de propagande qui frôle l'absurde. La chaine Skaï a par exemple réussi l'exploit ne pas dédier une seule seconde au non, et a appelé ouvertement à voter pour le oui sur son compte Twitter. A "grands coups d'émissions spéciales et de débats totalement orientés, c'est une propagande pro-oui que les six chaînes privées du pays ont déployée à longueur de journée", explique Marianna Karakoulaki, journaliste indépendante, une propagande voyant par exemple les chaînes privées grecques utiliser de fausses images et de fausses nouvelles quant aux risques pour les Grecs de voter non.
Sans surprise, ce matin, la campagne de désinformation frappe Alexis Tsipras, traité d'égoïste d'extrême gauche ou encore de menteur et démagogue par des hommes politiques français qui n'ont pourtant vraiment aucune leçon de morale à donner puisqu'ils ont purement et simplement trahi le choix du peuple francais il y a 10 ans en ne respectant pas les résultats du referendum national.
Pour Athènes, le premier round est gagné mais il reste à la Grèce encore bien des batailles pour se libérer d'un système voué à détruire les peuples et les économies, et d'une dette insoutenable pour l'Etat grec. Une libération qui ne peut passer que par la sortie de la monnaie unique, car il y a bien une vie hors de la zone euro. De nombreux pays sont du reste sans doute disposés à coopérer avec la Grèce, que l'on pense par exemple à la Russie, la Chine, l'Inde, les BRICS (via leur nouvelle banque?), ou encore le monde musulman. La Turquie vient d'ailleurs de proposer un soutien financier à Athènes, en lien direct avec le projet gazier russe Turkish Stream à destination de l'Europe.
Une Europe qui devrait voir émerger des mouvements contestataires dans toute l'Europe, de droite comme de gauche, mouvements qui à très court terme devraient prendre le pouvoir dans nombre de pays ou devenir assez influents politiquement pour accentuer l'affaiblissement d'une union monétaire dont la disparition semble à ce jour plus plausible que jamais, incapable qu'elle a été de gérer la crise d'un petit pays de 11 millions d'habitants.
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