Depuis, les conditions invivables auxquelles sont confrontés les agriculteurs semblent nous préparer au summum de la globalisation: adoption probable, actuellement négociée à huis clos, du TAFTA.
Thierry Coué est président de la FNSEA Bretagne. Sa crainte est celle de toute une France agricole qu'on essaye de réduire au silence mais qui résiste. Voici son analyse de la situation: pas de prix préfixés et moins de charges! Tel devrait être le slogan des manifs de syndicats d'exploitation agricoles si celles-ci devaient avoir lieu. Les agriculteurs ne peuvent nourrir les consommateurs à des prix préfixés, atteste-t-il, quant à leur trésorerie, elle est exsangue. La situation s'est sensiblement détériorée il y a un an avec le revenu dérisoire dégagé par la production bovine comparé au coût du travail fourni. Les raisons sont évidentes: on assiste à une véritable guerre de la distribution qui concourrait à augmenter le pouvoir d'achat via des prix bas, et ce au détriment du système productif, détruit de facto en amont.
L'Etat peut-il remédier à cette situation de quelque façon? Oui, considère M. Coué, en réaffirmant l'importance d'un dialogue continu entre fournisseurs et distributeurs. Celui-ci est d'autant plus crucial que « la distribution essaye d'arracher au maximum le peu de marge qu'a encore la filière en amont ». Pris en étau entre des hausses de charges drastiques et des baisses de prix vertigineuses, les revenus de la filière agricole sont à l'heure qu'il est négatifs. Si l'Etat ne réagit pas, une descente dans les rues ne se fera pas attendre.