Ces documents couvrent notamment la période du 2010 au 2012, durant laquelle la crise de la dette grecque s'aggravait rapidement. Les révélations de WikiLeaks, vérifiées avant leur publication par les chaînes NDR et WDR et le quotidien Sueddeutsche Zeitung, indiquent que la NSA ne ménageait pas ses efforts pour découvrir les plans de Berlin.
Les médias allemands ont notamment publié les extraits de déclarations enregistrées d'Angela Merkel du 11 octobre 2011. La chancelière y reconnaît son indécision totale. Une note secrète décrit ses préoccupations: selon elle, même une réduction supplémentaire de la dette ne serait pas en mesure de résoudre le problème, car Athènes serait incapable de rembourser le reste.
L'espionnage mené par les USA agite les milieux politiques et l'opinion publique en Allemagne depuis plus de deux ans. Les sondages indiquent que cela nourrit une attitude négative des Allemands envers les Etats-Unis. Toutes les tentatives du gouvernement Merkel de tourner cette page, en soulignant sa confiance envers son allié et partenaire d'outre-Atlantique, n'ont pour le moment porté aucun fruit.
Les nouveaux textes publiés contiennent beaucoup de détails surprenants qui laissent penser que les écoutes touchaient non seulement le portable d'Angela Merkel, mais aussi d'autres téléphones de la chancelière. Parmi 69 numéros concernés, près de la moitié appartient au ministère de l'Economie.
Patrick Sensburg, président du comité parlementaire allemand chargé de l'enquête sur les activités de la NSA, a souligné hier que les révélations de WikiLeaks exigeaient des explications de la part des USA. Mais c'est ici que se trouve le talon d'Achille de toutes les enquêtes allemandes: Washington et ses services de renseignement refusent catégoriquement d'en parler. Et la liste des "sélecteurs" sur la base de laquelle la BND rendait des services d'espionnage aux collègues américains, reste toujours inaccessible aux députés allemands.