Ces inquiétudes se sont intensifiées à mesure qu'augmentait le nombre d'étrangers dans les rangs de cette nébuleuse: ils seraient jusqu'à 25.000, selon certaines estimations.
Principal mouvement de cette nébuleuse, l'Etat islamique (EI) comprendrait entre 60 et 80.000 combattants dont au minimum 20.000 étrangers, parmi lesquels plusieurs milliers d'Européens de l'ouest et de Russes.
On peut constater deux foyers géographiques situés en ex-URSS sont les principaux fournisseurs de combattants: la Tchétchénie dans le Caucase, et le Tadjikistan en Asie centrale.
Le Caucase
Nettement stabilisée depuis l'arrivée au pouvoir de Ramzan Kadyrov à sa tête, la Tchétchénie n'en reste pas moins un territoire sensible. Certains terroristes se sont jurés de prendre leur revanche, et de faire de la république russe une tête de point de l'EI dans le monde russophone.
Avec 10% des effectifs de l'Etat islamique, les Tchétchènes constituent un groupe actif au sein de l'EI puisqu'ils occupent certains des postes de commandement importants, et se sont illustrés lors de nombreuses batailles récentes, ou lors d'attentats kamikazes de haute intensité. Ils seraient au moins 1.500 selon Mairbek Vatchagaev, historien, analyste politique du Caucase du nord, des chiffres similaires à ceux donnés par l'ambassadeur syrien en Russie tandis que certaines estimations montent à 2.000 hommes. La majorité viendrait des pays arabes (50%), puis des pays occidentaux (23 à 30%) et ensuite de Russie.
L'Asie centrale
Tout aussi grave, le nombre d'engagés volontaires des différents pays d'Asie centrale qui ont également rejoint les zones de combat et dont le nombre pourrait atteindre jusqu'à 4.000 hommes. Ces chiffres sont des estimations basses puisque selon l'organisation internationale ICG, le nombre de Tadjiks pourrait atteindre à lui seul 4.000 hommes.
Ces combattants du Turkestan ont particulièrement fait parler d'eux lorsqu'en janvier 2015, un enfant de 10 ans a dans une vidéo exécuté deux hommes présentés comme des agents du FSB, puis en mai dernier lorsque lors de l'assaut de la province d'Idlib, la présence de combattants d'Asie centrale est apparue au grand jour (au sein du Front Al-Nosra), ou encore que des unités composées uniquement de ressortissants centrasiatiques aient commencé à faire leur apparition au sein de l'EI.
Le Tadjikistan apparait de plus en plus comme le principal fournisseur en capital humain de l'EI en Asie centrale et semble avec le Caucase représenter les zones les plus à risques pour la Russie sur son flanc sud élargi comme on peut le voir sur cette carte.
La réponse russe
Sans doute pour cette raison, la Russie vient d'accorder une aide financière, militaire et logistique considérable au Tadjikistan pour lutter contre le terrorisme et l'EI dans le cadre de l'OSCE. Toujours dans le cadre de l'OSCE, les forces russes ont déployé 2.500 hommes et 200 véhicules de combat à la frontière afghano-tadjique en supplément des 7.000 déjà présents. Ces troupes ont participé à une opération militaire en grandeur réelle de sécurisation de la zone, tout en se préparant à envoyer plus de troupes si la situation régionale devait se détériorer.
Sur le plan intérieur, les troupes spéciales russes continuent les opérations spéciales dans le Caucase pour éradiquer les cellules terroristes émergeantes et le Conseil des muftis de Russie a adopté une nouvelle doctrine sociale des musulmans russes, la précédente datant de 2001, qui précise la place et le rôle des musulmans dans la vie de la Russie et appelle les croyants à être loyaux envers l'État.
Dans le même temps, l'institut islamique de Moscou a lancé un programme de formation d'imams destiné à lutter contre la propagande de l'EI au sein de l'Islam russe.
Une guerre qui ne fait vraisemblablement que commencer.
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