Le premier ministre japonais Shinzo Abe devient de moins en moins populaire dans le pays, dont une grande partie de la population est hostile à sa politique de révision de la Constitution pacifiste du Japon, montre un sondage réalisé par le quotidien financier Nikkei et la chaîne TV Tokyo.
Selon les résultats de ce sondage, le nombre d'électeurs refusant leur soutien au gouvernement Abe se monte à 40%. Les Japonais hostiles aux projets du premier ministre de lever le garde-fou constitutionnel qui empêche le Japon de mener des opérations militaires à l'étranger sont encore plus nombreux.
Dans ce pays résolument pacifiste depuis sa défaite en 1945, les libéraux démocrates, nostalgiques du passé militaire du Japon, poussent aujourd'hui le parlement à voter des lois facilitant l’envoi de troupes nipponnes à l’étranger.
Comme le rapporte Reuters, M.Abe a promis à Washington, allié clé de Tokyo, d'obtenir cet été l'approbation des projets de loi en question. Pourtant, tenir cette promesse s'est avérée difficile, et la coalition au pouvoir a dû prolonger la session courante du parlement jusqu'au 27 septembre.
D'autres sondages montrent que les arguments invoqués par le gouvernement en faveur de la révision de l'article 9 de la Constitution interdisant la participation de la Force d'autodéfense(SDF), nom officiel de l'armée nippone, à des opérations à l'étranger ne sont pas convaincantes pour 81% des sondés.
Les partisans des projets de loi ouvrant la voie à la révision de la Constitution insistent sur les nouveaux équilibres géopolitiques dans cette région du monde, où la Chine prend une place sans cesse croissante. Par ailleurs, Tokyo redoute une coopération de plus en plus étroite entre Moscou et Pékin.
"Aujourd'hui, la Chine est plus proche que jamais de s'assurer du soutien russe à ses +intérêts vitaux+ en Asie-Pacifique, les deux pays s'étant promis un soutien réciproque et la coordination en politique extérieure", rappelle le journal en ligne Asia Times.
Les analystes relèvent que, si auparavant, Moscou "balançait" entre Pékin et Washington, à présent, quand l'Occident s'est mis en campagne contre la Russie, sa politique s'est réorientée vers l'Est. Il se peut, supposent-ils, que l'invitation du président russe Vladimir Poutine au Japon soit dictée par la volonté de Tokyo d'entraver le rapprochement entre Moscou et Pékin.