« Son économie se basait toujours dans une grande mesure sur l'industrie pétrolière. Pratiquement tous les autres secteurs économiques, publics comme privés, bénéficiaient de subventions énormes de la part de Petróleos de Venezuela SA, corporation pétrolière et gazière d'Etat. Notamment, des subventions aux opérations d'exportation et d'importation. En profite aussi ce même secteur privé, qui se montre hostile au pouvoir en place. On comprend que toute baisse des prix du pétrole frappe le Venezuela plus durement que la Russie, dont l'économie est plus diversifiée ».
« Pour que le budget du Venezuela soit équilibré, le prix du baril doit être de l'ordre de 100 $, sinon plus. Il y a des difficultés économiques, des complications sociales sont possibles. Des pourparlers sont en cours afin de renforcer l'interaction avec la partie russe. Je crois qu'il s'agit d'un certain soutien à la direction vénézuélienne ».
La Russie elle aussi voit dans le Venezuela un partenaire important. On vient d'apprendre que Rosneft planifie d'investir 14 milliards de dollars dans les projets au Venezuela. Cette compagnie russe est parmi les plus importants partenaires étrangers de Petroleos de Venezuela. Caracas est prêt à coopérer avec d'autres. D'autant que les investissements dans la mise en valeur des sables bitumineux du bassin de l'Orénoque représenteraient environ 144 milliards de dollars d'ici à 2020, selon la corporation pétrolière et gazière publique. Le Venezuela attend justement la moitié de cette somme des partenaires étrangers. Mais de toute façon, une stabilisation des prix du pétrole reste une chose primordiale. Pour cette raison le Venezuela cherche à établir des filières de négociation avec l'OPEP, note Vladimir Feïguine:
« La chute des prix du baril préoccupe beaucoup les autorités du pays. Elles tentent d'établir des contacts avec la direction de l'OPEP et de concerter des mesures unifiées. Y compris à l'égard des quotas. Elles ont pris part à l'organisation d'une conférence, à laquelle la partie russe a également participé ».
Outre ces problèmes liés à la situation sur le marché des hydrocarbures, le Venezuela subit une forte pression politique. Ainsi, à la fin de 2014, le Sénat du Congrès des Etats-Unis a approuvé un projet de loi sur des sanctions visant nombre de fonctionnaires vénézuéliens. Mais il n'y a pas que la pression extérieure, constate Alexandre Kharlamenko:
« Il y a certainement une guerre économique des milieux réactionnaires des Etats-Unis et de l'opposition de droite qui agit de concert avec eux. C'est un vrai sabotage économique à grande échelle touchant l'approvisionnement en denrées alimentaires, dont des stocks énormes sont cachés par des opposants et qui sont ensuite découverts par la police presque chaque semaine. Tout cela ne manque pas, bien entendu, de compliquer la situation dans l'économie ».
Des experts appellent à étudier attentivement les problèmes rencontrés par le Venezuela et à tirer des conclusions dès à présent. Quant au Venezuela, il aura à parcourir un long chemin de redressement de la situation économique. Or si la pression politique ne faiblit pas, les tentatives de Caracas de s'en tirer ont de très minces chances d'aboutir.
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