Dans la capitale arménienne, Erevan, des milliers de manifestants ont marché dans la nuit de mardi à mercredi vers le palais du président Serge Sargsian. Les protestataires ont entamé des négociations avec le vice-chef de la police métropolitaine, Valeri Ossipian.
Cette vague de contestation antigouvernementale, la plus importante de ces dernières années, a été déclenchée par la récente décision des autorités arméniennes d'augmenter le prix de l'électricité de 16,7%. Il est à noter que le distributeur d’électricité arménien est détenu à 100% par le groupe russe INTER RAO EES.
Selon l'analyste de l'Institut de l'Eeurasec (Moscou) Nadana Friedrichson, la contestation actuelle "reflète les sentiments de la majorité des Arméniens". Elle rappelle que le salaire moyen en Arménie s'élève à peine à 300 dollars, tandis que le taux officiel de chômage a grimpé de 21% en mars dernier par rapport aux indices de 2014. La crise économique en Russie a également eu un impact sur l'ex-république soviétique, souligne l'expert.
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a déclaré mardi que Moscou observait attentivement l'évolution de la situation.
Pour sa part, le membre du Conseil de la Fédération (sénat russe) Igor Morozov estime que les événements en cours en Arménie sont similaires à la première étape des manifestations pro-européennes en Ukraine, qui ont débouché sur la chute du régime de Viktor Ianoukovitch.
"L'Arménie est proche d'un coup d'Etat armé qui se produira si le président Serge Sargsian ne tire pas de leçons du Maїdan ukrainien et ne fait pas de conclusions nécessaires", a indiqué le sénateur contacté par RIA Novosti.
D'après le politologue indépendant arménien Sergueï Chakarian, on observe actuellement une tendance d'"instrumentaliser" la protestation provoquée par les démarches des autorités et des Réseaux électriques arméniens. II rappelle que les ambassades britannique et américain à Erevan ont déjà exprimé des préoccupations par des "rapports faisant état de recours illégitime à la force par la police" à Erevan.
Cependant, l'analyste se dit persuadé que la répétition du Maїdan ukrainien et une éventuelle "révolution de couleur" sont impossibles en Arménie.