La présidence burundaise a accusé les opposants au président Pierre Nkurunziza d'être derrière les attentats, alors que, démentant toute responsabilité, l'opposition a accusé le pouvoir d'"instrumentaliser" ces attaques pour se débarrasser de ses contradicteurs.
Trois des quatre attaques ont visé des bars en province. La plus sanglante — quatre morts, 25 blessés — est survenue à Ngozi (nord), province natale et fief du chef de l'Etat. Deux autres ont été perpétrées dans celles voisines de Kirundo (un blessé) et Muyinga (pas de victime), selon leurs gouverneurs respectifs.
La quatrième attaque a blessé deux policiers en patrouille lundi matin à Bujumbura dans le quartier contestataire de Musaga, selon un haut gradé de la police ayant requis l'anonymat.
Alors que le mouvement de contestation — qui a éclaté le 26 avril à l'annonce de la candidature du président Nkurunziza à un troisième mandat — semble marquer le pas dans la rue, les explosions de grenades se sont multipliées à l'approche des législatives du 29 juin et de la présidentielle du 15 juillet.
Onze policiers avaient déjà été blessés dans la nuit de vendredi à samedi dans plusieurs attaques à la grenade à Bujumbura et, le 18 juin, une grenade avait blessé trois ouvriers d'un chantier, également dans la capitale.
Dénonçant "l'impasse politique au Burundi", les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE) ont menacé lundi, pour la première fois, de sanctions ciblées les responsables "d'actes de violences et de répression" ou ceux qui y "entraveraient la recherche d'une solution politique".
Le dialogue est au point mort entre le camp présidentiel et ses adversaires, opposition et société civile, qui estiment que la Constitution et l'Accord d'Arusha — ayant ouvert la voie à la fin de la guerre civile (300.000 morts entre 1993-2006) — interdisent à M. Nkurunziza de briguer un nouveau mandat.
Pour tenter de le relancer, l'ONU a dépêché un nouveau médiateur, le Sénégalais Abdoulaye Bathily, arrivé dimanche au Burundi.
"Toutes ces attaques à la grenade sont liées les unes aux autres", a assuré le haut-gradé de la police, mettant en cause les "opposants au 3e mandat" qui tentent "d'empêcher les élections".