Finalement, le pouvoir se trouve toujours entre les mains de la dynastie Kim, et jusqu'à récemment cette dernière est parvenue à éviter des réformes économiques semblables à celles qui ont eu lieu en Chine et au Vietnam voisins. Le leader actuel de la Corée du Nord, Kim Jong-un, a bien décidé d'engager certaines transformations, mais elles ont été immédiatement suspendues.
Cependant, les railleries à l'égard de Kim Jong-un cachent le plus important: son règne en Corée du Nord, au moins jusqu'à récemment, fut une période de croissance économique et de réformes économiques prudentes, mais assez efficaces. Le Commandant suprême semble bien savoir ce qu'il veut: transformer progressivement son pays en "dictature de développement" qui ressemblerait à la Chine des années 1980 ou à la Corée du Sud des années 1960.
Ces réformes ont commencé par l'agriculture. En 2013, elle est passée pour une grande part à un modèle de contrats familiaux. Avant, les paysans travaillaient pour des rations fixées. Désormais, ils touchent 30% de la récolte. Ce qui a conduit à des récoltes record en 2013 et 2014, qui ont rapproché la RPCD, pour la première fois depuis un quart de siècle, du niveau d'autosuffisance alimentaire.
Des mesures ont également été prises afin d'attirer des capitaux étrangers. En plus des trois Zones économiques spéciales (ZES) existantes, vingt nouvelles ont encore vu le jour. Les ZES, protégées du monde extérieur par une clôture, des sentinelles et un système de contrôle, doivent devenir un territoire où les investisseurs étrangers pourront agir librement, comme au Vietnam, par exemple.
Au début de l'année, les fonctionnaires nord-coréens déclaraient déjà à l'unanimité qu'à partir de la fin de l'hiver 2015, le nouveau système s'étendrait à toutes les entreprises du pays. Cependant, les informations venant de RPCD ne laissent pas de place au doute: cela n'a pas eu lieu.
Toutefois, une partie des entreprises fonctionne déjà selon le nouveau schéma. Elles se distinguent, avant tout, par des salaires énormes pour la Corée du Nord — 300 000 à 500 000 wons nord-coréens (50 à 70 dollars américains) par mois. En comparaison, le salaire dans la majorité des entreprises fonctionnant selon l'ancien modèle ne dépasse pas un dollar. Cependant, les entreprises qui sont passées au nouveau schéma sont peu nombreuses et sont toujours considérées comme "expérimentales".
Les médias nord-coréens passent complètement sous silence ce qui se passe dans l'économie du pays, donc il ne nous reste qu'à formuler des hypothèses.
Il n'est pas exclu que Kim Jong-un, enclin aux actes impulsifs, se ravise au dernier moment et renonce à la réalisation de ce plan de réformes ambitieux. Peut-être sa décision a-t-elle été en partie influencée par la réticence de l'ancienne génération de fonctionnaires nord-coréens qui perçoivent, non sans raison, la mise en place du nouveau système comme un pas de plus vers le démantèlement complet du socialisme du Juche.
On peut tout de même espérer que la suspension des mesures ne soit que temporaire, car les réformes réalisées ces dernières années ne sont pas annulées. L'agriculture continue à fonctionner sous la forme de contrats familiaux. Les entreprises privées, beaucoup plus développées en Corée du Nord que les gens pensent, ne sont pas confrontées à des problèmes particuliers car les fonctionnaires ferment les yeux sur leur existence. Les tentatives d'attirer des investisseurs étrangers dans le pays se poursuivent, même si pour l'instant elles ne donnent pas de résultats visibles.
Les réformes, lancées sous silence mais de manière assez efficace au début de 2013, ont été ralenties par les autorités nord-coréennes ces derniers mois. Le temps nous dira si cela signifie un changement complet d'orientation ou, plus probablement, seulement son ajustement.
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