Les entrepreneurs russes et étrangers joignent leurs efforts en vue de maintenir les liens existants et de chercher de nouveaux formats et possibilités de coopération dans les domaines d'investissements, de science et de technique.
La Belgique et le Luxembourg ont toujours entretenu des relations fidèles avec la Russie, quelle que soit la direction que prenaient leurs politiques. Réalisant près de 95% de sa production à l'étranger, la Belgique fait partie de top 10 exportateurs mondiaux et, de ce fait, est toujours en recherche de nouveaux marchés. En 2014, plus de 350 entreprises belges et luxembourgeoises travaillaient déjà en Russie où fut inaugurée la Chambre de commerce belgo-luxembourgeoise pour la Russie (CCBLR). Le but n'en a pas changé: développer les relations économiques et commerciales entre l'Europe et l'Union économique eurasiatique.
Quelles nouvelles opportunités ouvre le format Union européenne-Union économique eurasiatique aussi bien pour les grandes entreprises que pour les PME? Serait-ce la base de diversification des liens économiques extérieurs? Quelles projets de coopération à la Charle de Gaulle « de Lisbonne à Vladivistok » peut-on imaginer dès aujourd'hui?
Arkady Arianoff, président du conseil d'administration de la Chambre de commerce belgo-luxembourgeoise pour la Russie (CCBLR) à Moscou, directeur de la Chambre en Belgique, a accordé une interview exclusive à la radio Sputnik:
Radio Sputnik. Que pensez-vous de la coopération dans le format Union européenne-Union économique eurasiatique?
Arkady Arianoff. « La coopération Union européenne-Union économique eurasiatique fait partie du débat. Nous pensons qu'au départ, l'Europe était très ouverte à ce projet, malgré les craintes américaines. Il se fait qu'il y a quand-même eu un certain ralentissement dans l'initiative de se rapprocher de l'Union économique eurasiatique du fait qu'il n'y a plus d'actes concrets d'avancement réel. Beaucoup d'entreprises ont préféré ne pas même attendre les grandes entreprises et tout de suite s'impliquer dans les pays asiatiques sans attendre le politique. Il reste maintenant à pousser les PME à s'intéresser à ce projet d'Union économique eurasiatique. »
Radio Sputnik. Entre l'Union économique eurasiatique et le TTIP, qu'est-ce que l'Europe devrait choisir?
Arkady Arianoff. « Entre le TTIP et l'Union économique eurasiatique, l'Europe doit choisir avant tout comme partenaire la Russie parce que la Russie fait partie intégrante de l'Europe. C'est son premier partenaire « obligé ». Bien sûr, les Américains ont très peur du rapprochement entre la Russie et l'Asie. Mais je ne comprends pas leur politique de continuer à poursuivre les sanctions alors qu'avec cette menace d'union entre la Russie et l'Asie, les Américains et l'Europe seraient perdants. »
Radio Sputnik. Peut-on considérer les organisations internationales, dont fait partie la Russie (BRICS, OCS et Union économique eurasiatique), comme concurrent économique des Etats-Unis?
Arkady Arianoff. « C'est à voir avec des projets beaucoup plus concrets. En tout cas, ce qui ne me plaît pas dans le rapprochement de la Russie avec la Chine — c'est que ce pays n'est pas un partenaire pour le futur de la Russie. La Russie a besoin de la technologie européenne. La Chine a le même problème: elle a besoin de la technologie européenne ou américaine pour développer ses propres industries et pas les copier simplement. »
Radio Sputnik. Que pensez-vous des sanctions occidentales contre la Russie?
Arkady Arianoff. « C'est une absurdité complète. Cela ruine l'économie du pays, cela ruine l'économie de l'Europe. En un an, l'Europe a perdu plus de 35 milliards d'euros de ventes possibles vers la Russie, par exemple, la Belgique a perdu près de 1,5 milliards d'euros. C'est le premier signe. En tant que directeur de la Chambre de commerce, je ne peux qu'être contre ces sanctions qui sont inutiles et injustifiées mais, probablement, dues à une pression et à un chantage extérieur à l'Union européenne. »
Radio Sputnik. Comment voyez-vous le développement des faits à l'avenir?
Arkady Arianoff. « Il faut beaucoup de courage pour les deux parties, tout d'abord, pour l'Europe — d'oublier leur orgueil et leur arrogance naturel vis-à-vis de la « pauvre petite Russie » qu'ils ont soi-disant tant aidée au départ. Pour la Russie, il est l'heure de poursuivre les échanges et les relations pour redonner une confiance avec l'Europe. Mais je pense que dans deux ans, tout sera oublié. »
Le sujet est toujours le même — la convergence de vecteurs politique et économique sur le continent eurasien. Aujourd'hui, la politique intervient plus que jamais dans le milieu d'affaires, le business européen a de plus en plus de mal à continuer à se développer librement, indépendamment des décideurs politiques. Pour sortir de cette situation « absurde », pour en finir avec les sanctions occidentales mutuellement contreproductives, il faut répondre à la question de savoir: qu'est-ce qui est primordial, la politique, dont les représentants changent au fil du temps, ou l'économie, dont l'histoire date depuis des siècles? Une chose est claire: même si pour le moment, les hauts fonctionnaires européens ne s'y prononcent pas, les entreprises, elles, sont déjà prêtes à coopérer dans le format Union européenne-Union économique eurasiatique.
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