C'est ce qu'a confirmé une fois de plus la réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE, qui devaient se pencher sur le sort des clandestins déjà arrivés sur le Vieux Continent et trouver une solution pour stopper l'afflux de nouveaux immigrés illégaux, dont le nombre augmente traditionnellement en été. Mais à part le constat qu'au premier semestre 2015, près de 100 000 réfugiés sont arrivés du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, la discussion n'a pas avancé. Les dirigeants de l'UE devront donc songer désormais à la "bombe" posée sous l'Europe unie, à Bruxelles les 25 et 26 juin. Les discussions autour du problème de l'immigration risquent de dégénérer en grand scandale aux conséquences imprévisibles pour le Vieux Continent.
Londres adopte la position la plus intransigeante. Le premier ministre britannique David Cameron a annoncé lors d'un entretien avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker en mai, que le Royaume-Uni limiterait l'afflux d'immigrés non seulement du Moyen-Orient et d'Afrique mais aussi pour les citoyens de l'UE. Sinon, expliquait Cameron, le référendum sur la sortie de l'UE serait inévitable et son résultat imprévisible.
Paradoxalement, l'une des principales causes de l'immigration massive de Libye est l'opération militaire de la coalition menée par les USA, qui avait entraîné la chute du régime de Kadhafi. Les principales attaques contre les sites de Tripoli étaient portées par l'aviation française et britannique, alors que l'Italie, au contraire, cherchait à minimiser sa participation au conflit et refusait de bombarder la Libye. À l'époque, Paris et Londres appelaient les Italiens à se souvenir de la solidarité européenne et à agir plus activement. Et aujourd'hui, alors que Rome est confronté aux conséquences migratoires du renversement de Kadhafi, Londres et Paris semblent avoir oublié cette solidarité.