En Moldavie, scandales bancaires et démission du gouvernement

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La Moldavie est privée de prêts internationaux: la Banque centrale européenne (BCE) a suspendu le financement du pays à cause de fraudes bancaires, et le Fonds monétaire international (FMI) a reporté la visite de sa délégation et les négociations sur les subventions, écrit jeudi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Pour couronner le tout, le gouvernement a annoncé sa démission.

Cette décision sera transmise aujourd'hui au parlement et le président commencera à sélectionner les candidatures pour le poste de premier ministre. Conformément à la Constitution, le président dispose d'un délai de trois mois et de deux tentatives. Si le parlement ne soutenait pas le candidat proposé par le président à deux reprises, le chef de l'État devrait le dissoudre et annoncer des législatives anticipées.

Parallèlement à la démission du gouvernement, le chef de la représentation de la Banque mondiale (BM) en Moldavie Alex Kremer a annoncé que l'organisation avait réservé 45 millions de dollars pour le soutien du budget national en 2015, mais qu'elle ne pourrait pas effectuer ce versement avant de constater que des mesures ont bien été prises pour régler les problèmes dans le secteur bancaire.

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La BM avait suggéré aux autorités de liquider trois banques faisant l'objet d'un régime d'administration spéciale — Banca de Economii, Banca Sociala et Unibank. Il était souligné que toute tentative de nationaliser ou de recapitaliser le Banca de Economii entraînerait une augmentation des dépenses budgétaires directes et créerait un nouveau risque d'utilisation de l'argent du contribuable pour couvrir les déficits cachés et les pertes potentielles.

Alex Kremer a rappelé que les partenaires de la Moldavie pour le développement avait transmis au gouvernement une note analytique en février 2015, indiquant que "bien que les violations aient été flagrantes depuis fin 2013, les autorités n'ont entrepris aucune démarche efficace jusqu'à fin novembre 2014".

Par ailleurs, l'ex-président du conseil d'administration de la Banca de Economii Ilan Shor, sous le coup d'une enquête pénale pour détournement de fonds des banques du "groupe BEM", vient d'être élu maire de la ville d'Orhei.

Le chef du bureau de lutte contre la corruption Eduard Harunjen a annoncé que le parquet n'exigerait pas de mandat d'arrêt contre Ilan Shor, étant donné qu'une décision définitive du tribunal a fixé que l'enquête à son encontre se déroulait sous contrôle judiciaire. La victoire de ce dernier à Orehi n'annule toutefois pas son statut d'accusé.

Harunjen a précisé que l'enquête sur les transactions bancaires douteuses était toujours en cours, sans préciser quand l'affaire passerait devant le tribunal.

Le rapport des auditeurs américains de Kroll, qui ont enquêté sur le vol de plusieurs milliards de dollars, note que "tout ce schéma met en évidence des actions coordonnées au profit des sociétés associées au groupe de Shor et au détriment de trois banques, ce qui a finalement entraîné la faillite de ces établissements bancaires". Selon ce rapport, les dettes des trois banques atteignaient 1 milliard de dollars, "sachant que l'homme d'affaires Ilan Shor était le principal bénéficiaire des transactions douteuses réalisées dans ces trois établissements".

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