La présidente du Front national Marine Le Pen a créé son groupe au Parlement européen, selon un représentant du Parlement. Ce groupe eurosceptique existe depuis lundi sous le nom d'«Europe des Nations et des Libertés».
« Le nouveau groupe a été officiellement créé lundi, au moment où la notification de sa formation a été envoyée à l'administration du Parlement européen. Actuellement le groupe compte 36 personnes », a déclaré le porte-parole du Parlement.
En mai 2014, la formation présidée par Marine Le Pen est arrivée en tête des élections européennes en France et le FN a obtenu le droit d'envoyer 23 députés au Parlement européen. Mais le projet de former un groupe parlementaire avait alors échoué car pour le constituer, il fallait au moins 25 députés de sept pays membres de l'UE.
Mardi, Marine le Pen a annoncé les noms des membres formant le nouveau groupe. Il s'agit des députés du PVV néerlandais de Geert Wilders, du FPÖ autrichien, de la Ligue du Nord italienne et du Vlaams Belang belge, ainsi que l'eurodéputé Janice Atkinson qui représente l'UKIP britannique. On retrouve également deux polonais, Michal Marusik et Stanislaw Zoltek du « Congrès de la nouvelle droite », sans oublier les députés français.
Selon la chef du FN, le nombre de membres du groupe devrait prochainement augmenter de 36 à 37.
Le sondage ICM Research effectué pour Sputnik montre que les partis contestataires deviennent de plus en plus populaires en Europe. Les Européens distinguent trois raisons à cela. 47% des personnes interrogées sont persuadées que c'est le niveau élevé d'immigration en Europe qui augmente la popularité de ces partis, 46% déclarent que c'est à cause des promesses non tenues des gouvernements, tandis que 38% trouvent une explication dans le sentiment de déception qu'ils éprouvent envers l'Union Européenne.
Yves Bertoncini, Directeur de l'Institut Jacques Delors, considère que ce n'est pas seulement la popularité des partis contestataires qui est en hausse en Europe, mais aussi "l'euroscepticisme", c'est-à-dire les positions très critiques vis à vis de la construction européenne, ainsi que "l'europhobie", soit une détestation telle de l'UE qu'elle professe la sortie des États membres (à l'exemple de l'UKIP).
Selon l'expert, cette progression découle en grande partie du contexte de crise économique, financière et sociale. "Elle est aussi nourrie par l'intervention de l'Europe-FMI, qui a agi pour aider certains pays comme la Grèce, mais a perdu sur les deux tableaux: soit parce qu'on lui reproche son "austérité", soit parce que l'on lui reproche cette solidarité", estime M. Bertoncini.
"Comme le montre votre étude, l'euroscepticisme est aussi nourri par la crise identitaire qui traverse nombre de pays d'Europe, et qui est alimentée par l'immigration dirigée vers notre continent, et que l'espace de libre circulation européen ne semble pas en mesure de réguler », a déclaré l'expert.
Néanmoins, il a souligné que les partis eurosceptiques ou europhobes ont une influence institutionnelle très limitée. Mais ils peuvent exercer une forte influence politique sur les partis de gouvernement traditionnels. "C'est en fonction de l'attitude de ces derniers que pourra être mesuré l'impact du climat politique actuel sur la construction européenne", a conclu le responsable.