"Les exigences européennes ne sont pas assez prises en compte par les USA", a déclaré sur RMC le chef de la diplomatie française Laurent Fabius en commentant le processus de négociations menées actuellement autour de l'accord sur le Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP) entre l'UE et les Etats-Unis.
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M. Fabius considère que l'idée initiale consistant à développer le commerce est bonne, néanmoins l'Europe ne donnera son accord que dans le cas où le partenariat transatlantique apportera des bénéfices réels aux Européens. La poursuite des négociations est donc nécessaire afin de régler nombre de questions clé.
Selon le chef de la diplomatie, le marché européen est aujourd'hui ouvert aux Américains à 80-90%, alors que ce chiffre n'est que de 20% concernant l'ouverture du marché américain aux Européens. Il est donc selon lui nécessaire de rétablir l'équilibre.
Mercredi 10 juin, le Parlement européen devait se prononcer sur le traité transatlantique. Toutefois, le vote a été reporté en raison des oppositions croissantes venant, notamment, des partis écologiques ou de gauche. La pomme de discorde est le fait que l'accord puisse aboutir à un abaissement considérable des normes de protection des consommateurs.
Selon Laurent Fabius, l'Europe n'acceptera non plus la création des tribunaux d'arbitrage privés pouvant plaider contre les Etats membres de l'UE.
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Dans le même temps, la position de la France risque d'évoluer sous l'influence de l'Allemagne, qui est le principal défenseur du TTIP.
"Ce traité avantagerait les grands groupes industriels mondialisés allemands, ce qui explique l'engagement des politiciens allemands en faveur de ce traité. C'est la raison pour laquelle le Président du Parlement européen, l'Allemand Martin Schultz, n'a pas voulu prendre le risque d'un vote négatif et a œuvré pour faire reporter le vote, espérant sans doute que l'action des lobbies en faveur de ce traité et très présents au Parlement, aurait raison d'une partie des oppositions", a expliqué Jacques Sapir, économiste, directeur d'études (professeur) à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales à Paris, dans une interview accordée à Sputnik.
Les négociations sur l'accord commercial entre l'UE et les Etats-Unis se poursuivront. Si le projet aboutit, il instituera la zone de libre-échange importante couvrant 45,5% du PIB mondial. Les partisans de l'accord affirment qu'il contribuera à une croissance économique pour les deux parties, tandis que ses opposants craignent l'augmentation du pouvoir des multinationales face aux Etats et dénoncent le caractère non démocratique des négociations.
"Ce traité signifierait la mort non seulement des normes de protection sanitaires (…), mais aussi la mort des réglementations qui identifient des produits agricoles à leur terroir de production, normes qui sont l'une des garanties de qualité les plus importantes à la fois pour les producteurs et pour des consommateurs", estime M.Sapir.