"Je ne suis pas un historien professionnel, mais un étudiant amateur. On m'a rappelé comment l'Allemagne avait tâté le terrain pour comprendre la réaction future des puissances européennes à ses velléités d'occupation. Malheureusement, personne ne lui a demandé d'arrêter avant l'annexion de la Tchécoslovaquie", a estimé le président, tirant un parallèle avec l'accumulation de la puissance militaire de Pékin et son expansion territoriale en mer de Chine méridionale.
Benigno Aquino avait déjà tenu des propos similaires l'année dernière aux États-Unis. A l'époque, la Chine avant rejeté toutes ses accusations, considérant le leader philippin comme un profane de la politique internationale. Pékin n'a pas encore réagi à ces dernières déclarations, mais la porte-parole du ministère des Affaires étrangères du pays Hua Chunying a souligné la légitimité, la justesse et l'opportunité des chantiers chinois en mer de Chine méridionale, menés "dans le cadre des droits souverains du pays".
Ces accusations antichinoises de Benigno Aquino et ses appels à résister à Pékin dans le cadre de l'ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) ont été favorablement reçus à Washington. Le fait que, lors de la dernière conférence sur la sécurité à Singapour, Ashton Carter, ministre américain de la Défense, a promis que les États-Unis resteraient la force militaire principale dans la région Asie-Pacifique n'est pas un hasard.
Ce jeu de Manille pourrait-il s'avérer trop risqué? Chito Santa Romano, président de l'Association philippine des études chinoises, a indiqué dans une interview à CNN que l'alliance avec les États-Unis était un couteau à double-tranchant: "Les Philippines pourraient se retrouver sous le feu croisé des deux puissances".