Comment donc, lui, le grand ami du peuple russe et de la liberté! Sa réaction, quoique différente de celle de ses collègues "indexés" qui pour la plupart se targuent d'être tombés en disgrâce aux yeux du tyran Poutine, n'est au fond que le reflet de l'incohérence abyssale qui définit aujourd'hui les relations internationales avec leurs sempiternels deux poids deux mesures et leurs mensonges kafkaïens.
Ces faits établis, on pourrait se demander ce qui dérange tellement dans toute cette histoire au dénouement logique? Pas la Russie qui a juste déploré la violation du principe de confidentialité mais bien l'ensemble de la classe médiaco-politique qui prenait un peu trop au pied de la lettre ce proverbe bien connu: ce qui est permis à Jupiter n'est pas permis aux vaches. J'avais déjà eu ce soupçon suite à l'affaire ubuesque des Mistrals: M. Poutine, on achète votre "pardon" pour quelques petits millions et on revend les BPC à la Chine. Le hic, c'est la stupéfaction qu'avait suscité le refus scan-da-leux de Moscou! Il est vrai que l' "ancien KGB-iste" n'est pas Boris Eltsine sauf mon respect pour sa mémoire. Il se respecte et respecte son pays, chose que les maîtres autoproclamés du monde ne sauraient pardonner.
Reconsidérons la pseudo-logique de M. Lévy qui vient de passer sur BFMTV. Il prétend être l' "ami du peuple russe" mais pas l' "ami de Poutine". De même prétend-il que le geste de Poutine est "rageur et puériel" et que le peuple russe mérite mieux que le Président qu'il a à subir et qui serait "la honte de la Russie". Si BHL figure dans la liste des persona non grata, c'est bien parce que BHL n'aime pas Poutine. On va s'arrêter sur ces quelques petits traits d'humour car je ne voudrais pas croire que ce dit intellectuel de Saint-Germain qui a conseillé des Présidents prennent ses propos au grand sérieux.
Premièrement, un Président n'a pas d'amis. Il a des intérêts qu'il défend, normalement dans le cadre du droit international. Deuxièmement, verrait-on Douguine — dont je ne partage point un grand nombre d'idées mais qui est philosophe — affirmer sur le plateau d'une grande chaîne russe que Hollande est la "honte de la France" ou Merkel celle de l'Allemagne? Troisièmement, il ne vient plus à l'idée de personne de contester la réalité de la côte de popularité de Poutine. Ainsi, les électeurs de Poutine sont eux aussi la honte de la Russie. Or, comme ils constituent 86% de la population, je ne sais plus s'il faut rire ou pleurer.
Quatrièmement, BHL a la fâcheuse habitude d'appuyer sur le petit bouton rouge "Ukraine" dès lors qu'il aspire à diaboliser le Kremlin. Cette démarche est d'une maladresse affligeante. Qui n'a pas vu le défenseur de la cause juive poser aux côtés de Tiagnibok place Maïdan? Qui ignore ses tournées à la Néron à Odessa, ville où une cinquantaine d'opposants ont été brûlés vifs? Comment ne pas mentionner ses promenades à travers Kramatorsk, une ville littéralement dévastée par l'armée ukrainienne et qui aujourd'hui est l'un des symboles les plus sanglants de la guerre? Mais BHL revient sur ses "exploits" comme il revient encore, fier et suffisant, sur "Tobrouk", des années après la catastrophe libyenne. S'il le fait et surtout s'il est écouté, c'est bien parce qu'il est le maillon d'un système supranational effréné dont l'essence même est le Mensonge.
En effet, nous marchons sur la tête.Dans un microcosme où les bases américaines poussent comme des champignons à travers l'Europe sans que l'Europe n'en ait cure. Dans un microcosme où les States n'hésitent pas à poursuivre la FIFA sans que cela ne paraîsse… étrange. Dans un microsome où l'on se permet de dresser des listes Magnitski et de ne pas honorer les contrats entre grandes puissances en s'étonnant que la Président d'un pays souverain veuille riposter. Et puis l'on dit, boudeur, comme l'a fait Cambadélis: "[Cette riposte] n'est pas de nature à aider à un partenariat russo-européen". Décidément, ça ne se soigne pas. Même avec les tartes de M. Godin.
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