En état de guerre permanente

© REUTERS / Goran Tomasevicprotestations organisées à Bujumbura
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Ces années-ci l’Afrique n’était riche qu’en conflits. Des dizaines de guerres civiles, des centaines de coups d’Etat, le génocide et une vague de terreur politique – telles sont les réalités contemporaines de l’Afrique.

Des experts affirment que plus de la moitié des pays du continent ont su éviter par miracle l'instauration des régimes militaires dictatoriaux.
Chaque bouleversement politique ne fait qu'aggraver des conflits internes sociaux, dont interethniques, confessionnels et politico-ethniques. Leur quasi-totalité passe dans la phase de nouvelles confrontations, et beaucoup dégénèrent en bain de sang. Le conflit de Darfour au Soudan ayant conduit à une confrontation sanglante, la guerre somalienne, la crise politique au Kenya, le génocide au Rouanda — voici quelques-uns d'entre eux. Des experts invitent cependant à n'y voir pas que des conflits opposant divers groupes. Pour de simples Africains, il faut chercher la cause du mécontentement dans leur volonté de s'arracher à la pauvreté, mais la faute pour leur état déplorable, comme pour le scénario sanglant des événements, incombe presque toujours à l'Occident, est persuadé Youri Svétov, politologue de Saint-Pétersbourg.


L'instabilité politique ne contribue nullement à l'essor de l'économie. Et en dépit de l'abondance de ses ressources naturelles l'Afrique continue de rester pauvre. La responsabilité des pays occidentaux pour les maux de l'Afrique est très grande, parce que les colonies du continent, ayant formellement accédé à l'indépendance, restaient en fait sous le patronage, sous la tutelle des Etats occidentaux. La France, par exemple, envoyait sa légion étrangère dans tout pays, où émergeait un quelconque mouvement politique, considéré par elle comme indésirable.


D'ailleurs, l'opération du contingent militaire français au Mali a été activement soutenue aussi bien par les alliés de Paris pour l'OTAN que par l'Union Africaine. Le commentaire de Moscou que toute opération militaire en Afrique devait avoir un mandat de l'ONU est passé inaperçu. A peu près de la même façon à présent bien des hommes politiques en Occident s'efforcent d'ignorer la naissance, voire des activités de nouveaux mouvements, ajoute le docteur en histoire Anatoli Savatéïev, collaborateur principal à l'Institut de l'Afrique auprès de l'Académie russe des sciences:


Des conflits à caractère ethnique et confessionnel détournent la pensée créatrice des Africains, sèment la haine entre différentes communautés religieuses et ethniques. Tout récemment on marquait le 21e anniversaire du génocide au Rouanda. L'insécurité règne actuellement au Burundi. Les événements en Somalie et au Kenya démontrent le danger de l'islamisme radical. Le plus grand et peuplé pays de l'Afrique — le Nigéria — fait lui aussi face au grave problème de l'extrémisme islamique, plutôt aux gens qui se réclament de l'islam, mais en réalité violent la loi musulmane. J'ai en vue le mouvement Boko Haram, ce qui signifie « l'enseignement occidental est un péché ».
Pour le moment la communauté internationale préfère n'utiliser qu'une seule recette pour résoudre n'importe quel conflit dans le continent africain. On s'efforce de ne faire aucun cas de ce que ni l'envoi des forces, ni le soutien de l'une des parties adverses ne sont en mesure de mettre définitivement fin à une effusion de sang. Bien des experts russes insistent: une telle politique risque de faire prochainement de l'Afrique une nouvelle source de terrorisme pour le monde entier. Le nombre de pauvres et de mécontents par le niveau de vie y croît en progression géométrique.

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