Les manoeuvres déployées par les sorosites en Macédoine pourraient faire craindre qu'une nouvelle boîte de Pandore ne s'ouvre impliquant la Bulgarie qui a déjà pris soin de concentrer ses troupes aux frontières et le Kosovo albanais, principal agitateur sur le terrain.
Et comme par hasard, l'opposition dite social-démocrate découvre subitement que Grouevsky est un méchant corruptionnaire au moment où le projet du Turquish Stream se concrétise. Qui plus est, la Macédoine n'a pas soutenu les sanctions infligées à la Russie!
Radio Sputnik. Quelle est votre appréciation personnelle des évènements qui ont lieu actuellement en Macédoine, est-ce que vous croyez évident le lien qui a été établi par Lavrov entre les émeutes qui ont démarré les neuf et dix Mai et ce fameux Turkish-Stream lancé il n'y a pas très longtemps?
Nous sommes aujourd'hui face à une nouvelle révolution colorée dont le scénario rappelle celui du Maïdan. Je pense donc que nous pouvons en arriver à des conclusions tout aussi tragiques que celles qui ont déjà eu lieu dernièrement en Ukraine.
Pierre-Yves Rougeyron. Il y a aujourd'hui des pays qui sont des pays-kapos. La Bulgarie et la Roumanie en sont leur rôle consistant à encadrer des pays dits déviants comme la Hongrie, comme d'un certain côté la Grèce, c'est-à-dire tous les pays n'ayant pas normalisé leur diplomatie, au sens de Bruxelles, contre la Russie.
Radio Sputnik. Les révolutions oranges se multiplient, succédant à la chaîne malheureuse des soi-disant printemps arabes. La CIA a donc du pain sur la planche. Est-ce qu'il se pourrait que les USA, à l'œuvre sur plusieurs échiquiers à la fois, pourraient à terme s'en trouver essoufflés?
Pierre-Yves Rougeyron. Il faut se demander Qui donc aux USA? Les « sorosites » comme on les appelle en Macédoine sont en partie autonomes de la diplomatie américaine.
Par ailleurs, la méthodologie des révolutions de couleur est en train de changer, Alexandre Latsa l'avait très bien dit: elles deviennent de plus en plus violentes. Les théories qui étaient issues de Gene Sharp étaient une sorte de bombardement médiatique massif après la réélection d'un pouvoir souverain et généralement démocratiquement élu à des manifestations sporadiques et des provocations issues de groupes marginaux. Cette méthodologie-là a été contrée, en Russie tout particulièrement, et on a compris que l'appel au peuple pouvait la débrancher. Pour qu'elles puissent se maintenir, ces révolutions doivent dégénérer le plus vite possible.
Nous voyons en fait méthodologie qui est en train de muter pour se survivre, dont aujourd'hui nous avons vu les limites grâce à la pluralité de l'information, grâce à l'entrée dans la multipolarité du net d'un certain côté — la Russie et la Chine peuvent émettre leurs propres informations par des canaux autonomes — ce qui fait que nous ne serons plus sidérés comme nous l'avons été en Serbie. Toutefois la méthodologie reste valide si elle aboutit très rapidement, comme ça a été le cas en Ukraine, à des conflits violents. Une fois la violence commencée, le conflit pourrit et la zone irréconciliable reste un théâtre de cendres avec un feu qui couve dessous et qui peut être réallumé à intervalles réguliers. »
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