Ces structures détermineront dans un avenir prévisible la politique des pays membres et entraîneront graduellement la refonte du système économique mondial.
Le président Vladimir Poutine a signé début mars la loi sur la ratification de l'accord supposant la fondation de la Nouvelle banque de développement. L'institution d'un pool de réserves monétaires conventionnelles des BRICS a été approuvée un mois après. La Banque est fondée par les BRICS. Ils auront les droits particuliers qui ne sont pas réservés aux futurs membres de la Banque. Le pays membre devra présenter la candidature à la présidence de la Banque selon la procédure de rotation. Les décisions clés seront adoptées à la majorité des voix des fondateurs. Le système de gestion à trois niveaux comprendra le Conseil des gouverneurs, le Conseil des directeurs et le président. Les moyens placés sous gestion de la Banque à l'étape initiale suffiront pour mettre en œuvre les grands projets, affirme le directeur de l'Institut Ho Chi Minh auprès de l'Université d'Etat de St Petersbourg Vladimir Kolotov:
La part de la Russie dans le capital statutaire de la Banque constituera 2 milliards de dollars. Il est prévu de répartir le capital proportionnellement entre les participants. Plusieurs experts signalent toute une série de particularités qui se sont manifestées dès la fondation de la Banque des BRICS. D'une part, c'est la première institution mondiale fondée sans la participation des pays occidentaux. De l'autre, le travail a été réalisé dans de brefs délais alors que le FMI et la Banque mondiale ont été fondées pendant plus de trois ans. Il ne faut pas oublier que la Banque évolue parallèlement aux autres projets asiatiques, ajoute le membre du Conseil scientifique des BRICS Evgueni Astakhov, professeur de la chaire de diplomatie de l'Institut d'Etat des relations internationales de Moscou du ministère russe des Affaires étrangères:
La fondation de la Banque a été envisagée aux sommets précédents des BRICS et maintenant le début de ses activités sera proclamé officiellement parallèlement aux activités de la Banque asiatique de développement fondée par la Chine. Les démarches vers la refonte du système financier mondial dirigé en fait par les Etats-Unis avec le soutien de la Grande-Bretagne sont très importantes. Les deux banques constituent le premier pas en vue d'éviter la dépendance du dollar et d'engager l'implantation de nouvelles monnaies mondiales de réserve.
Le pool de monnaies de réserve de 100 milliards de dollars sera non moins important. La part de la Chine est la plus grande: 41 milliards, la Russie, le Brésil et l'Inde placent 18 milliards chacun et l'Afrique du Sud — 5 milliards. Le directeur gérant du groupe de compagnies « ALOR » Serguei Khestanov raconte:
L'initiative d'institution du Fonds de monnaies de réserve est l'un des instruments pour intégrer le yuan sur l'échiquier international. La RPC a limité jusqu'à récemment le circulation du yuan au-delà de la partie continentale de la Chine. Cependant, la politique a changé il y a près de deux ans et le yuan est employé de plus en plus largement dans les règlements internationaux.
Toutes ces démarches portent à croire que l'architecture financière mondiale sera sérieusement révisée. Il est possible que les nouvelles institutions des BRICS bénéficient prochainement du droit de vote dans le règlement de plusieurs problèmes mondiaux. C'est pour ça que plusieurs partenaires occidentaux se montrent dès l'étape de fondation intéressées à la Banque et au pool des BRICS.