Le Yémen ou un quart de siècle de violence !

© East News Lorenzo MeloniYemen
Yemen - Sputnik Afrique
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Il y a 25 ans, le Yémen retrouva un peu de quiétude en faisant fusionner les deux tranches du pays, à savoir le Yémen du Nord et celui du Sud.

Il est à dire que le Yémen est l'une des poudrières de la région avec un nombre d'armes incroyable pour chaque habitant de cette contrée désertique. Et les Yéménites savent parfaitement s'en servir. Ils se font une guerre violemment atroce. Très souvent en comprendre les raisons relève de la mission impossible. Mais en tout cas, les Houthis et les Chiites zaïdites pullulent s'étripant joyeusement sous le soleil d'une région qui est pourtant la mieux irriguée des pays arabes. Il va de soi que la position du Yémen qui peut contrôler le flux de pétrole transitant par la mer Rouge le rend un gâteau convoité par toutes les grandes puissances du monde. Les Etats-Unis s'y sont mêlés à plusieurs reprises parce que le Yémen réuni soutenait Saddam Hussein sans toutefois valider l'annexion du Koweït.

Un expert chevronnée en matière du Proche-Orient, banquier de très haut vol, ancien de Saint-Cyr et docteur ès sciences géopolitiques par-dessus le marché Arnaud Leclercq connaissant sur le bout des doigts les Emirats, s'est penché sur le problème yéménite pour comprendre ce qui l'oppose maintenant à l'Arabie Saoudite et quel serait le bilan à dresser de ce quart de siècle d'existence en commun.

Arnaud Leclercq. Il est difficile de dresser un bilan comme ça! Ce pays a toujours été instable! Et depuis sa réunion, il est encore plus instable qu'auparavant. Avec certains pays, il faut toujours tout relativiser. Je crois que ce qui compte beaucoup et est beaucoup négligé par un grand nombre d'analystes et notamment dans le cas de l'Irak qui est juste à côté, c'est l'importance des tribus! Le Yémen le montre encore parfaitement. Ce qui veut dire qu'au-delà de la carte et les frontières dessinées que nous connaissons aujourd'hui, le plus important finalement c'est comment fonctionnent ces tribus entre elles, quelles sont les alliances qui se font et qui se défont au gré des certains intérêts politiques, intérêts religieux ou commerciaux des certains de leurs chefs de tribus. Tout cela a demeuré au-delà de ce qu'on a pu calquer comme frontières politiques ou certains régimes plus ou moins équilibrés mais qui changent éternellement avec un tel ou tel Etat voisin qui encourage ses alliés. La réalité est principalement tribale. Elle l'était et elle l'est encore beaucoup aujourd'hui. Je crois qu'il faut avoir une meilleure lecture de la situation et notamment des rebelles chiites qui sont aujourd'hui dans le Sud-Ouest du Yémen. Il faut comprendre quelles sont ces tribus et avec qui sont-elles alliées. De fait, d'après ce que l'on dit, elles seraient soutenues par l'Iran. Mais au-delà de ça, il y a un axe chiite qui se dessine. Il est tribal et religieux par rapport à un autre axe sunnite, également religieux mais aussi tribal. Ne l'oublions jamais!

Ces alliances se font et se défont au gré du temps et il y a une relative stabilité ces dernières années du Yémen ces dernières années. Ce qui veut dire en gros que le pays n'est plus en guerre. Mais pendant toute cette période, il a demeuré tout à fait instable. Et pendant toute cette période la lave a continué à être là. Et tout est prêt à une nouvelle explosion. Aussi bien au Yémen que dans un certain nombre de pays voisins d'ailleurs!

Commentaire de la Rédaction. Il est à comprendre que les Yéménites s'entretuent en faisant de même que, par exemple, les Français et les Allemands ou les Polonais et les Russes qui combattaient pout un oui ou pour un non des siècles durant. Guerres de religion, conquêtes territoriales, disputes dynastiques… Les prétextes abondent toujours quand on cherche noise à autrui. Ce qui, en revanche, est très souvent peu pris en compte c'est que les nations en voie de développement ont de nos jours accès à des armements de type lourd en principe devaient être réservées à des nations déjà mûres d'esprit! Il est intéressant de noter que lors de la Grande Guerre, les Français et les Allemands s'envoyaient des troupes qui marchaient au pas pour se faire faucher par les mitrailleuses lourdes de l'ennemi. Et chaque fois de nouvelles unités se levaient des tranchées et allaient à la casse comme si de rien n'était. Selon les historiens militaires dont Bertrand de Jouvenel, ce n'est qu'à la fin de la guerre que les stratèges européens eurent compris que le feu tue pour adopter une méthode en harmonie avec une puissance de feu jadis inconnue.

Quel rapport avec les Yéménites? Il se trouve tout simplement que ces bonnes gens continuent de combattre comme ils le faisaient avant en chevauchant leurs chameaux et tirant leurs sabres au clair. Seulement maintenant ils sont dans les cockpits des avions militaires ou s'envoient mutuellement des obus des canons de leurs blindés. Il faut donner à ces peuples le temps de mûrir en leur fermant l'accès à la possession des armements lourds. Bien malheureusement, les Grands de ce monde ne l'entendent pas de cette oreille. Pour le pétrole et le contrôle du Golfe et de la mer Rouge, ils sont prêts à n'importe quoi, même au massacre des innocents. Toute tentative d'y mettre fin serait éternellement condamnée de rester dans le domaine des vœux pieux!

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