Après l'arrestation dans la région de Lougansk de deux citoyens russes, que la partie ukrainienne qualifie d'espions, le président Piotr Porochenko a accusé la Russie de mener une "véritable guerre". A son tour, le chef du Conseil de sécurité nationale et de défense ukrainien Alexandre Tourtchinov a suggéré pour la première fois de déployer en Ukraine l'ABM américain pour "se protéger de la menace nucléaire russe", et a appelé à durcir les sanctions contre Moscou. Kiev passe à l'offensive diplomatique en profitant de l'histoire des Russes capturés pour mobiliser l'Occident et renforcer la pression sur la Russie.
Ce n'est pas la première fois que Porochenko accuse la Russie d'exacerber le conflit dans le Donbass. Mais ses déclarations n'ont encore jamais été aussi ouvertes, émotives et intransigeantes. "Nous ne sommes pas en guerre contre les séparatistes soutenus par la Russie. C'est une véritable guerre contre la Russie. Aujourd'hui, nous avons capturé deux militaires russes. En quelques mois nous avons d'abord capturé 20, puis 60 hommes russes des forces spéciales", déclare Porochenko en appelant les journalistes à ne plus utiliser de guillemets quand ils parlent des "soldats russes" en Ukraine, et de venir à Kiev pour s'en convaincre.
D'après le président ukrainien, la Russie "approvisionne ses forces et groupes terroristes qu'elle soutient avec de véritables armes létales". "Et ils cherchent encore à contester quand le monde nous soutient nous, un pays souverain!", s'indigne Porochenko. Et d'ajouter: "Ils préparent une offensive. Je pense que nous devons y être préparés".
En présentant hier le projet de nouvelle stratégie de sécurité nationale, Tourtchinov a admis la possibilité de déployer en Ukraine des systèmes de défense antimissile. Selon lui, la Russie procéderait au déploiement en Crimée d'armements offensifs supplémentaires — "des armes nucléaires et leurs vecteurs". "Cela ne menace pas uniquement l'Ukraine. La menace pour le monde qui émane aujourd'hui de la Russie demande une réaction adéquate et des actions actives. Il faudrait songer à ajouter aux sanctions économiques une interdiction pour leurs navires de traverser le Bosphore, ainsi qu'à déconnecter le système financier russe, qui soutient et finance des programmes nucléaires offensifs et les terroristes, du protocole bancaire SWIFT", déclare Tourtchinov.
Le premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk s'est également distingué sur le thème russe en annonçant la rupture définitive de la coopération militaire et technique avec Moscou.
Ainsi, trois mois après la signature des accords de Minsk, non seulement Kiev ne voit aucun signe de désescalade du conflit dans le Donbass, dont parle dernièrement l'Occident, mais cherche également à faire avaler aux partenaires occidentaux une nouvelle version de la "menace russe", selon laquelle il s'agirait d'une certaine menace globale par rapport aux armes nucléaires en Crimée. Pour la neutraliser, Kiev appelle à la mobilisation des USA, de l'Europe et de la Turquie en tant que membres de l'Otan.
Moscou a immédiatement réagi aux attaques de Kiev en la personne du porte-parole du président russe Dmitri Peskov. Balayant les accusations du dirigeant ukrainien, Peskov a déclaré que ce n'était pas la Russie qui était en guerre avec l'Ukraine, mais "Kiev contre ses propres citoyens". Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a qualifié les dernières déclarations des autorités ukrainiennes de "paroles en l'air".
