Pour Libération ça craque à Damas tandis que le JDD se demande si le bastion d'Assad (la cote Syrienne et la région de Lattaquié) n'est pas lui aussi sur le point de tomber.
Même scénario pour la presse anglo-saxonne que l'on pense par exemple au « national-interest » ou à de nombreux sites spécialisés affirmant que la dynamique d'une défaite militaire de l'Etat syrien était engagée. Dans la presse des Etats du Golfe, on affirme qu'il est temps de reconsidérer la vie après Assad.
Résumons les évolutions récentes sur le terrain:
Il y a tout d'abord eu au début de l'année 2015 le déclenchement d'un assaut militaire rebelle d'envergure au sud du pays, dans la zone frontalière avec la Jordanie. La Jordanie fournit du reste aux rebelles de solides appuis stratégiques et logistiques qui proviennent en réalité principalement des pays occidentaux et des pays du Golfe. Au cours des mois de février et mars le Front rebelle sud a remporté des succès militaires en évinçant le régime d'une grande zone le long de la frontière avec la Jordanie, comme on peut le voir sur cette carte, les zones en vert étant celles tenues par les rebelles.
Il y a ensuite eu l'échec de l'opération militaire gouvernementale de février 2015 qui visait à terminer l'encerclement d'Alep. Après l'échec de cette opération la ville reste quasiment encerclée (comme on peut le voir sur cette carte) mais cet épisode a sans doute eu un impact psychologique négatif pour l'armée gouvernementale qui surfait sur une vague de succès jusque-là. A l'est de la ville, dans la zone sous contrôle de l'Emirat Islamique, une base militaire gouvernementale (Kuweyres) est en outre totalement encerclée et soumise aux assauts quotidiens des kamikazes de l'Emirat islamique.
Mais c'est surtout dans la province d'Idlib que le régime a connu sa défaite militaire la plus lourde du moins sur les plans tactique et psychologique alors même qu'elle semblait inévitable depuis un certain temps.
Plusieurs milliers de rebelles ont attaqué une bande de territoire (en blanc sur cette carte) contrôlée par les forces loyalistes, mais isolée au sein d'une province majoritairement contrôlée par divers groupes fédérés autour du Front al-Nosra, la version syrienne d'Al-Qaïda. En seulement quelques semaines au cours des mois de mars et avril les rebelles ont pris le contrôle des villes d'Idlib et de Jisr-Shughour à l'Est et l'Ouest de cette bande, prenant en étau les milliers de loyalistes s'y trouvant, dont plusieurs centaines de soldats des troupes d'élites Tigres.
La rapidité avec laquelle les rebelles ont conquis ces villes, en seulement quelques jours, s'explique par plusieurs facteurs. Tout d'abord l'utilisation intensive des attentats suicide contre les check-points syriens (des sources parlent de plus d'une 40aine pour la seule ville d'Idlib), comme le fait l'Emirat islamique à l'Est du pays à Deir ez-Zor.
Ensuite, la présence de mercenaires étrangers en grand nombre semble avérée. On parle de membres du parti Islamique du Turkistan et aussi de nombreux mercenaires Turcophones, Saoudiens ou Tchétchènes.
De plus, les troupes d'élite Syriennes n'étaient pas en grand nombre dans la région et surtout pas au sein des deux villes en question qui étaient principalement défendues par les forces de défenses locales, un corps de volontaires civils peu entrainés et incapables de faire face à un assaut d'une telle ampleur.
Mais en toile de fond de ces événements récents, un élément essentiel vient de faire son apparition. Depuis le début de la guerre en Syrie, les trois principales puissances sponsorisant les groupes rebelles et anti-Assad n'étaient pas unies pour des raisons de stratégie régionale. Conséquence directe, sur le terrain la kyrielle de groupes qui s'opposaient au pouvoir Syrien se combattaient les uns et les autres pour obtenir le soutien financier, logistique et militaire de La Turquie, du Qatar, des Emirats-arabes ou de l'Arabie Saoudite.
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