L'Union européenne se montre de moins en moins disposée à accueillir la Géorgie, ce qui provoque la déception des Géorgiens et les pousse à envisager la possibilité d'une réconciliation avec la Russie, rapporte le Financial Times.
Lors du sommet de l'Otan tenu en septembre dernier à Cardiff, l'Alliance n'a pas proposé à la Géorgie le plan d'action pour l'adhésion (MAP). L'Union européenne n'a pas non plus allégé le régime des visas avec la Géorgie. Bref, les habitants de ce pays du Caucase n'ont jusqu'à présent obtenu aucun des nombreux avantages promis par l'Occident.
Ce sentiment est pourtant celui que les Géorgiens éprouvent actuellement et qui crée un terrain propice au renforcement de l'influence russe, constate le Financial Times.
"Une carotte, c'est ce que nous demandons à l'Occident. Or, nous avons le sentiment de faire tout notre possible, mais de ne rien obtenir en échange, alors que la Russie est là", affirme Eka Metreveli, expert de la Fondation géorgienne pour les études stratégiques et internationales.
L'Institut national démocratique pour les Affaires internationales des Etats-Unis (NDI) a publié un sondage selon lequel 31% des Géorgiens, soit deux fois plus qu'il y a un an, souhaitent l'adhésion de leur pays à l'Union eurasiatique (Russie, Biélorussie, Kazakhstan, Arménie et Kirghizstan).
Selon le Financial Times, le conflit en Ukraine a modifié l'attitude des Géorgiens envers la Russie.
"De nombreux Géorgiens considèrent l'Europe comme faible et indécise. Quant à Poutine, il donne l'impression d'être un homme fort qui parvient toujours à ses fins. Alors, les gens se demandent: l'Europe, quels avantages peut-elle nous offrir? N'est-il pas idiot de résister tellement à la Russie?", estime l'analyste politique Ghia Nodia.
Le désir de renouer avec Moscou a été stimulé par la victoire de la coalition "Rêve géorgien" aux élections législatives de 2012. Tout en optant pour l'intégration européenne, cette formation politique cherche également à normaliser les relations avec la Russie.
Les experts géorgiens soulignent également le renforcement des groupes politiques pro-russes tels que le Choix eurasiatique de la Géorgie. Il s'agit d'une coalition d'organisations non gouvernementales qui compte environ 16.000 membres.
D'après les analystes politiques, les partis pro-russes ne gagneront visiblement pas les élections législatives de 2016, mais ils pourront former une minorité suffisante pour empêcher les partis pro-occidentaux de prendre le contrôle du parlement.