Il est aujourd'hui en fuite après avoir dévoilé un rapport sur la vulnérabilité critique du programme nucléaire britannique, dont les missiles Trident sont la base en mer.
Dans une interview accordée à la BBC, William McNeilly défend son rapport et affirme que d'autres personnes devraient se prononcer à ce sujet.
"Je ne me cache pas des autorités. Je reviendrai au Royaume-Uni dans quelques jours et je me rendrai à la police", a-t-il livré à la BBC.
L'ingénieur sous-marinier a déclaré ironiquement que la prison serait sa récompense pour "avoir tout sacrifié afin d'avertir les citoyens et le gouvernement".
"Malheureusement, tel est le monde dans lequel nous vivons. Je sais que je sacrifie beaucoup de choses et que ce n'est pas un chemin facile, mais d'autres doivent commencer à en parler", déclare William McNeilly.
"Aujourd'hui je n'ai ni carrière, ni argent, ni liberté, ni chance de passer du bon temps avec ma famille et mes amis. Mais je n'ai pas de regrets. Il n'y a pas de meilleure qualité que de servir véritablement le peuple", affirme-t-il.
"Une catastrophe à retardement"
WikiLeaks a publié le rapport de 18 pages rédigé par William McNeilly, qui révèle que le Royaume-Uni est au bord de la catastrophe nucléaire.
Selon l'ingénieur de 25 ans, le manquement total aux règles de sécurité fait des Tridents une cible facile pour les terroristes. Il affirme qu'il est plus facile de pénétrer dans le sous-marin que de passer un face-control en boîte de nuit. Il met en cause la négligence des militaires responsables du maintien opérationnel des sous-marins porteurs des Tridents, qui sont l'élément clé des forces nucléaires britanniques de dissuasion.
Lors d'une sortie en mer, les collègues de McNeilly lui avaient parlé d'un incident qui s'était produit à bord d'un sous-marin — un incendie s'était déclaré à bord en mer et au moins 50 marins y auraient péri.
L'ingénieur affirme avoir tenté d'attirer l'attention du commandement militaire sur ces problèmes, sans qu'aucune réaction n'ait suivi. Il a alors décidé de publier son rapport sur internet.
L'avis des experts
Le service de presse de la marine britannique a qualifié les accusations de William McNeilly de "point de vue subjectif et infondé d'un marin très inexpérimenté avec lequel la marine n'est absolument pas d'accord", rapporte Daily Telegraph.
Les militaires ont confirmé que McNeilly servait dans la marine et qu'ils cherchaient à le localiser.
En octobre 2012, le gouvernement britannique prévoyait d'investir 560 millions de dollars dans le développement de la défense antinucléaire du pays.
"William McNeilly est un jeune homme courageux qui a aidé non seulement ses collègues, mais aussi toute la nation en dévoilant les problèmes des sous-marins en raison de la réduction des dépenses, du manque de personnel et d'une mauvaise gestion", pense l'expert du programme nucléaire Peter Bart, cité par Associated Press.
"Le programme nucléaire du ministère a des normes de sécurité bien plus basses que dans le secteur nucléaire civil, parce que les régulateurs indépendants ne peuvent pas veiller à son activité", explique l'expert.
"Tout cela ressemble à des intrigues. Selon mon expérience, il faut occuper des postes très haut placés sur le navire pour avoir accès à de telles informations", déclare au Times l'expert militaire et ancien vice-amiral Chris Parry.
"Même s'il a raison concernant la mauvaise organisation, le moral bas et le comportement négligent de l'équipage du sous-marin, il est toutefois peu probable que le programme Trident dans son ensemble ne puisse surmonter ces troubles — parce qu'il a été conçu précisément de cette manière", note l'expert militaire John Large dans une interview accordée au Daily Mail.