La Rada suprême (le parlement ukrainien) a approuvé en première lecture ce projet de loi par 257 voix. Les auteurs du projet de loi affirment que c'est le seul moyen de légaliser les étrangers qui font partie des bataillons punitifs qui opèrent dans le Donbass.
Toujours d'après eux, c'est un des moyens de réduire le manque de recrutement et d'économiser sur les indemnités pour invalidité et pour les familles des soldats tués. C'est une des causes officielles. Mais la raison réelle de l'apparition de cette initiative est le fait que les Ukrainiens ne veulent pas lutter contre leurs concitoyens. Comme on le sait la mobilisation récente a échoué.
L'existence de forces étrangères est une chose habituelle pour certaines régions du monde. Par exemple, au Vatican il y a des troupes suisses depuis cinq siècles. Est-ce que telle pratique est applicable en Ukraine? On a demandé Arnaud Dotézac, spécialiste de géopolitique, directeur de la rédaction du magazine Market, édité à Genève de commenter cette initiative:
Arnaud Dotézac. Cette décision n'est pas une surprise. Déjà l'année dernière, en avril 2014, il y avait des articles dans la presse ukrainienne expliquant que des généraux voulaient ouvrir les rangs de l'armée à des citoyens étrangers.
Donc, ça, c'est quelque chose qui se conçoit dans les relations militaires. Mais il y a un aspect effectivement géopolitique. Si on lit la loi, il y a l'article 446 qui en gros blanchit les mercenaires. C'est intéressant puisque jusqu'à maintenant le fait d'avoir des armes de guerre entre les mains, c'est toujours un délit en Ukraine et avoir des troupes étrangères sur le sol nécessite à chaque fois une loi. La loi en question nous raconte qu'on va vraisemblablement intégrer des corps qui sont déjà présents illégalement sur le sol ukrainien.
Il y a une question de gestion des troupes parce qu'il y a beaucoup de témoignages qui expliquent que les Ukrainiens ne veulent pas tirer sur les Ukrainiens; on voit qu'il y a des difficultés dans l'opération de mobilisation. Mais la résolution de cette question de gestion ne va pas résoudre tous les problèmes en termes de quantité. En revanche, on peut résoudre des problèmes militaires en termes de qualité, c'est-à-dire que l'armée ukrainienne pourra instantanément absorber, par exemple, des forces spéciales d'un pays étranger, prêtes à l'emploi. Ce n'est pas un signal positif pour la paix.