Nous avons demandé à Philippe Migault, notre analyste militaire et membre de l'IRIS, de nous faire part de ses commentaires là-dessus.
Philippe Migault. Je ne le pense pas une seule seconde et pour la raison qui est toute simple: l'OTAN est une alliance défensive construite comme cela dès ses débuts en 1949. Pour que l'OTAN entre en guerre, il faut qu'un membre de l'OTAN ait été agressé par une puissance extérieure. Je ne suis pas au Kremlin, mais, à ma connaissance, la Russie n' a pas l'intention d'agresser quel que l'Etat de l'OTAN que ce soit! Je rappelle que ce soit à Paris, à Berlin, à Rome personne n'a l'intention de faire la guerre avec la Russie. Mais l'OTAN n'est pas un ensemble monolithique: les différents Etats qui la composent, sont libres de s'opposer à des certaines politiques qu'ils désapprouveraient.
Q. Comment voyez-vous le prochan stade des relations entre la Russie et l'OTAN? Va-t-on continuer de se regarder en chiens de faïence?
Q. L'OTAN réarme massivement à proximité des frontières russes. Le contingent militaire américain augmente dans les pays Baltes. La Russie l'observe avec une certaine perplexité. Quel est votre commentaire?
Philippe Migault. Il faut tout d'abord relativiser la montée en puissance du dispositif de l'OTAN en Europe de l'Est. Et ce pour une raison très simple. Par exemple, sur les manoeuvres qui ont lieu en ce moment en Roumanie il y aurait 350 soldats amaricains. En gros, 2 compagnies. Ce qui est loin de correspondre à la logique de la montée en puissance du dispositif américain. De même que certaines déclarations faites par plusieurs Etats-membres de l'OTAN visant à renforcer leur budget militaire, on se rend bien compte que c'est purement cosmétique. Les déclaration sont souvent bien fermes du point de vue diplomatique, mais elles ne sont pas suivies d'effets du point de vue militaire. Les effets sont souvent anecdotiques et ne constituent aucunement des menaces à l'égard de la Russie.
Q. Lors de la Conférence sur la Sécurité européenne à Munich, M. Stolktenberg a déclaré que l'OTAN envisageait la renaissance d'un régime de coopération avec la Russie… S'agit-il d'un voeu pieux, de la gesticulation ou d'une nouvelle position au sommet de cette Alliance?
Philippe Migault. Il est toujous difficile de faire la part des choses en matières thématiques, surtout quand ça relève de la gesticulation ou des intentions réelles. Je pense que si M. Stoltenberg se risque à faire ce genre de déclarations, c'est qu'on lui avait envoyé des signaux l'autorisant à le faire.
Q. Peut-on prévoir la renaissance d'une force européenne qui devrait éclore dans le giron de l'OTAN avec, pour embryon, la Brigade franco-allemande?
Philippe Migault. Je vous renvoie à un article que j'avais fait il y a quelques temps sur ceconcept de l'armée européenne. Cela a été dans les colonnes de SPUTNIK: je n'y crois pas du tout pour une raison très simple: la brigade franc-allemande est une idée symbolique qui n'a jamais été engage réellement dans des conditions de combat, sauf en Afghanistan où elle n'a rempli qu'une mission limitée dans le temps. La coopération franco-allemande en matière de la Défense est toujours au point mort. Et ensuite il y a toujours eu une opposition à l'armée européenne parce qu'une telle armée est considérée comme une duplication de l'OTAN! Vous avez un certain nombre d'Etats qui considèrent que l'OTAN est l'Alpha et l'Oméga de la Défense européenne et que la création d'une force européenne reviendrait à affaiblir l'OTAN. Je crois d'ailleurs qu'il y a le ministre des affaires étrangères letton qui a émis une telleopinion et c'est pour cela même que cela me semble très difficilement concevable.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.